La crise financière mondiale et les femmes d’Afrique occidentale: impacts et réponses politiques

La crise mondiale s’est répandue à travers l’Afrique subsaharienne par le biais des différents rapports économiques que le continent entretient avec d’autres régions du monde, ainsi que par le climat d’insécurité généralisé qu’elle engendre.

Avant la survenue de la crise financière en Afrique subsaharienne, la région connaissait une croissance économique sans précédent depuis plus de dix ans, qui est maintenant menacée. Par exemple, la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CENUA) souligne dans un récent rapport, que le taux de croissance économique moyen de 5% et la très faible inflation depuis l’an 2000, sont maintenant en danger (CENUA, 2009)7. Puisque nombre d’Africains n’ont cependant pas connu le fruit de cette croissance, il est difficile d’implanter l’idée d’un avenir positif, surtout avec la menace émergente. La croissance économique des derniers dix ans était spectaculaire par rapport à la croissance des années 80 et 90. Pour la majorité des économies d’Afrique de l’Ouest, cette croissance a été rendue possible grâce à la clémence du temps, à la stabilité des prix des produits et des importations de pétrole, à la stabilité relative macro-économique résultant des réformes, aux apports substantiels de l’aide économique et à la réduction de la dette, ainsi que grâce à l’expansion de l’activité minière, de la construction et du tourisme. Pour le Nigeria, l’augmentation de la production de pétrole a été un facteur important, alors que pour la Côte d’Ivoire, le Liberia et la Sierra Leone, ce sont le rétablissement de la paix et l’amélioration de la stabilité qui ont fait la différence (ONU, 2009; Ackah et autres auteurs, 2009). Ceci soulève des questions au sujet de la durabilité de la croissance. De plus, ceci ne s’est pas traduit par des changements structurels dans le caractère agraire des économies africaines ou dans leur dépendance aux produits. Il n’y a pas eu non plus de création d’emplois décents accompagnés d’une sécurité sociale. Au contraire, les politiques de libéralisation de l’économie ont provoqué une croissance fulgurante des économies parallèles, dont les emplois sont aussi incertains que pré-caires, ayant eu pour effet de creuser l’écart entre les revenus (Tsikata, 2009).

Les répercussions constatées et anticipées de la crise doivent donc être comprises dans le contexte d’une situation déjà difficile. En 2008, deux nouveaux enjeux mondiaux ont aggravé la situation: une crise alimentaire et une crise énergétique provoquant une pénurie de denrées, l’augmentation du prix des aliments et la montée en flèche du prix du pétrole. L’ONU estime que depuis 2006, 125 millions de personnes de pays en voie de développement ont connu la pauvreté extrême depuis la flambée mondiale des prix des denrées (Nations Unies, 2009). Dans la seconde moitié de 2008, les émeutes de la faim ont mis en relief la gravité de la crise. Les pays d’Afrique de l’Ouest sont loin d’y être étrangers, des émeutes ont eu lieu au Sénégal, en Guinée, à la Mauritanie, au Burkina Faso, à la Côté d’ivoire et au Cameroun (Kamata, 2009).Il n’est pas surprenant que l’ONU ait déclaré que, depuis la crise financière, les économies en voie de développement « se détériorent rapidement, y compris celles qui ont récemment connu de fortes performances économiques. » (Nations Unies, 2009). Le fait que la crise affecte tous les pays de l’Afrique subsaharienne, indépendamment de leur performance économique, indique que le problème dépasse les défaillances politiques (CENUA, 2009).

Category
Analyses
Region
Afrique
Source
AWID