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Les États ne peuvent défendre l'autonomie corporelle sans procéder à une transformation radicale de l'ordre économique international ainsi qu’à des réparations transformatrices

Cette déclaration conjointe a été prononcée par Action Canada pour la population et le développement le 21 juin 2023, lors du dialogue interactif avec le groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles lors de la 53e session du Conseil des droits de l'homme.

Merci, Monsieur le Président. Action Canada fait cette déclaration commune au nom de Her Rights Initiative, l'AWID et Sexual Rights Initiative. Nous saluons le rapport du groupe de travail et estimons qu'il s'agit d'une contribution importante à un système de droits humains souvent réticent à remettre en question le capitalisme et la discrimination fondée sur la classe sociale. 

Les féministes ont compris depuis longtemps que la pauvreté découlait d'un appauvrissement violent et d'une exploitation économique (néo)coloniale. Nous savons que la justice économique est essentielle à la réalisation de la justice de genre - tout comme elle l'est pour la justice raciale, la justice en matière de handicap ou la justice climatique. Pourtant, les membres de ce Conseil continuent de traiter ces questions en vase clos, voire comme des préoccupations concurrentes en matière de droits humains.

Nous insistons sur l'analyse du rapport concernant les multiples façons dont la pauvreté et la discrimination économique compromettent le droit à l'autonomie corporelle, qu'il s'agisse de l'inaccessibilité des services, de pratiques coercitives telles que la stérilisation forcée, ou de l'impact raciste et classiste des lois criminalisant l'avortement, le commerce du sexe, le sans-abrisme ou les drogues.1 

Au niveau international également, l'accumulation des richesses concentrées entre les mains d'un petit nombre de personnes, d'entreprises et d'États limite les ressources disponibles pour les droits des femmes.2 Pourtant, ce sont ces mêmes États du Nord mondial, lesquels déclarent soutenir l'autonomie corporelle et l'égalité des genres ou adoptent des « politiques étrangères féministes », qui entravent les efforts de redistribution des ressources - tels la justice fiscale et la justice en matière de dette, les réparations pour le colonialisme, le racisme et l'injustice climatique, ainsi que l'élaboration d'instruments contraignants sur le droit au développement et sur les sociétés transnationales - dont bon nombre ont été recommandés par le groupe de travail.

Nous réitérons notre appel aux États pour qu'ils garantissent les conditions matérielles nécessaires à la jouissance de l'autonomie corporelle pour tou·te·s. Tant qu’il ne s’accompagnera pas d’une transformation radicale de notre ordre économique international ni de réparations transformatrices, le soutien des États à l'égalité des genres et à l'autonomie corporelle ne restera qu'un vœu pieux.


[1]  Rapport du groupe de travail sur la discrimination à l’égard des femmes et des filles : Inégalités de genre et pauvreté : pour des approches féminsites et fondées sur les droits humains. A/HRC/53/39, para. 41-43.

[2] Ibid., para. 12.

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Déclarations
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