Guatemala - Rural Women Diversify Incomes and Build Resilience
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Domaines prioritaires
Aider les mouvements féministes, en faveur des droits des femmes et de la justice de genre à être un élément moteur de l’opposition aux systèmes d’oppression et à co-créer des réalités féministes.
La construction d’économies féministes a pour objet de créer un monde où l’air est respirable et l’eau buvable, où le travail est significatif et où nous bénéficions de soins pour nos communautés et nous-mêmes, où chacun-e peut jouir de son autonomie économique, sexuelle et politique.
Dans ce monde où nous vivons aujourd’hui, l’économie continue de s’appuyer sur le travail de soins non rémunéré et sous-évalué des femmes au service des autres. La poursuite de la “croissance” ne fait que développer l’extractivisme--un modèle de développement fondé sur l’extraction et l’exploitation massives des ressources naturelles, qui continue de détruire les populations et la planète tandis qu’elle concentre les richesses entre les mains des élites mondiales. Parallèlement, l’accès aux soins de santé, l’éducation, les salaires décents et la sécurité sociale sont réservés à une poignée de privilégiés. Ce modèle économique repose sur la suprématie blanche, le colonialisme et le patriarcat.
En adoptant la seule « approche pour l’autonomisation économiques des femmes», on ne fait guère qu’intégrer davantage les femmes dans ce système. Cela peut constituer un moyen temporaire de survie. Nous devons semer les graines d’un nouveau monde possible pendant que nous abattons les murs du monde existant.
Nous croyons en la capacité des mouvements féministes à créer de vastes alliances entre mouvements qui leur permettent d’oeuvrer pour le changement. En multipliant les propositions et visions féministes, nous cherchons à construire les nouveaux paradigmes d’économies plus justes.
Notre approche doit être interconnectée et intersectionnelle, car nous ne pourrons jouir d’aucune autonomie sexuelle et corporelle tant que chacun·e d’entre nous ne jouira pas de ses droits économique ni d’une autonomie financière. Nous voulons travailler avec celles et ceux qui s’opposent à la montée mondiale de la droite conservatrice et des fondamentalismes religieux et la contrent, car tant que nous n’aurons pas ébranlé les fondements même du système actuel, aucune économie ne saura être juste.
Nos Actions
Notre travail conteste le système de l’intérieur et met en évidence ses injustices fondamentales.
Promouvoir des programmes féministes : Nous nous opposons au pouvoir des entreprises et à l’impunité concernant les violations des droits humains en travaillant avec des allié-e-s afin de nous assurer que les perspectives féministes, relatives aux droit des femmes et à la justice de genre sont intégrées dans les espaces politiques. A titre d’exemple, vous pouvez vous informer sur le futur instrument juridiquement contraignant concernant “les sociétés transnationales et autres entreprises en matière de droits humains” au Conseil des droits humains des Nations Unies.
Mobiliser des actions solidaires : Nous oeuvrons à renforcer les liens qui existent entre les mouvements féministes et les mouvements en faveur de la justice fiscale, y compris à réclamer les ressources publiques perdues à cause de flux financiers illicites afin de garantir une justice de genre et sociale.
Enrichir nos connaissances : Nous fournissons aux Défenseuses des droits humains (WHRD) des informations stratégiques qui s’avèrent vitales dans la lutte contre le pouvoir des entreprises et l’extractivisme. Nous contribuerons à développer une base de connaissances autour du financement local et mondial et les mécanismes d’investissements qui alimentent l’extractivisme.
Créer et élargir les alternatives : Nous participons et mobilisons nos membres et nos mouvements à envisager des économies féministes et à partager nos savoirs, nos pratiques et nos programmes féministes en faveur d’une justice économique.
« La révolution corporative s’effondrera si nous refusons d’acheter ce qu’ils nous vendent: leurs idées, leurs versions de l’histoire, leurs guerres, leurs armes, leur notion d’inéluctabilité. Un autre monde est non seulement possible, mais il est aussi déjà en bonne voie. Quand tout est tranquille, je peux l’entendre respirer. » Arundhati Roy, War Talk.
Les défenseuses des droits humains s’auto-identifient comme des femmes ou des personnes lesbiennes, bisexuelles, transgenres, queer, intersexes (LBT*QI) ou autres qui défendent les droits. Elles sont exposées à des risques et à des menaces de nature genrée à cause du travail qu’elles accomplissent en faveur des droits humains et/ou en conséquence directe de leur identité de genre ou de leur orientation sexuelle.
Les défenseuses des droits humains subissent une violence et une discrimination systématique du fait de leur identité, mais aussi à cause de la lutte indéfectible qu’elles mènent en faveur des droits, de l’égalité et de la justice.
Le programme Défenseuses des droits humains collabore avec des partenaires internationaux et régionaux ainsi qu’avec les membres de l’AWID pour éveiller les consciences à propos de ces risques et menaces, pour plaider en faveur de mesures féministes et holistiques de protection et de sécurité et enfin pour promouvoir activement une culture du souci de soi et du bien-être collectif au sein de nos mouvements.
Les risques et menaces qui planent sur les défenseuses
Les défenseuses des droits humains sont exposées aux mêmes types de risques que toutes les autres personnes qui défendent les droits humains, les communautés et l’environnement. Mais elles se heurtent également à des violences fondées sur le genre et à des risques spécifiques de nature genrée parce qu’elles remettent en cause les normes de genre en vigueur au sein de leur culture et de leur société.
En défendant les droits, les défenseuses des droits humains sont exposées aux risques suivants :
les agressions physiques et la mort
les tentatives d’intimidation et le harcèlement, y compris dans les espaces en ligne
le harcèlement judiciaire et la criminalisation
l’épuisement
Une approche holistique et collaborative de la sécurité
Nous travaillons en collaboration avec des réseaux internationaux et régionaux ainsi qu’avec nos membres pour :
éveiller les consciences à propos des violations des droits humains et abus dont sont victimes les défenseuses des droits humains ainsi que de la violence systémique et de la discrimination qu’elles subissent ;
renforcer les mécanismes de protection et faire en sorte que des réactions plus efficaces et plus rapides s’organisent quand des défenseuses sont en danger.
Nous travaillons à la promotion d’une approche holistique de la protection des défenseuses, qui suppose notamment :
de mettre l’accent sur l’importance du souci de soi et du bien-être collectif, et de reconnaître le fait que ces notions peuvent revêtir une signification différente dans chaque culture ;
de documenter les violations dont sont victimes les défenseuses des droits humains dans une perspective féministe intersectionnelle ;
de promouvoir la reconnaissance et la célébration du travail et de la résilience des défenseuses des droits humains dans la société ; et
de construire des espaces civiques propices au démantèlement des inégalités structurelles, sans restrictions ni obstacles.
Nos actions
Nous souhaitons contribuer à l’avènement d’un monde plus sûr pour les défenseuses des droits humains, leurs familles et leurs communautés. Nous pensons que le fait que les défenseuses œuvrent en faveur des droits et de la justice ne devrait pas leur faire courir de risques ; leur action devrait être appréciée et célébrée.
Promouvoir la collaboration et la coordination entre organisations de défense des droits humains et des droits des femmes au niveau international, et ce dans le but de d’apporter des réponses plus efficaces dans le domaine de la sureté et du bien-être des défenseuses des droits humains ;
Soutenir les réseaux régionaux de défenseur-es et les organisations, parmi lesquels l’Initiative mésoaméricaine des défenseuses des droits humains et la Coalition des défenseuses des droits humains du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, dans leur travail de promotion et de renforcement de l’action collective en faveur de la protection des défenseuses – en mettant en avant l’importance de la création de réseaux de solidarité et de protection, de la promotion du souci de soi ainsi que du plaidoyer et de la mobilisation en faveur de la sécurité des défenseuses ;
Faire en sorte que les défenseur-e-s des droits humains et les risques qui les menacent soient plus visibles et mieux reconnus, en rassemblant des informations sur les agressions dont elles sont victimes et en produisant et diffusant des documents sur leurs luttes, leurs stratégies et les difficultés qu’elles rencontrent ;
Organiser des réponses urgentes fondées sur la solidarité internationale dès que des défenseuses des droits humains sont en danger, par le biais de nos réseaux internationaux et régionaux mais aussi grâce à nos membres.
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Ensuring Security for Human Rights Defenders, Protecting the Freedom of Expression
Ensuring Security for Human Rights Defenders, Protecting the Freedom of Expression
Originally from Pakistan, Javeria Ayaz Malik is a human rights activist, and a communications and security expert who lives and works in Johannesburg, South Africa as the International Security Advisor and head of the Staff Security Department at ActionAid International. In this role she coordinates the organisation’s safety and security policy and establishes external relationships with global security networks.
Javeria also advises ActionAid’s leadership on appropriate security management strategies aimed at reducing safety and security risks that staff may face in the course of their duties.
Javeria has a professional background in journalism and mass communications and previously worked for Pakistan’s national television where she researched and wrote scripts for broadcasting, in addition to working as a television host and radio presenter. As an ardent believer in human rights, freedom of expression, and equality, Javeria considers journalism and communication “to be her first love”. She shares with us her thoughts on the connection between journalism and security :
Ethical and objective journalism can shape a society, empower people living in poverty, and hold the duty bearers to account. No wonder journalists continue to be under threat at the hands of repressive regimes and corporate interests around the world. That’s where my security skills become relevant.
As a certified and experienced security trainer, Javeria’s training curriculums and methodologies include specific modules particularly aimed at enhancing protection strategies for human rights defenders, and especially for women human rights defenders. As one of the very few women security experts from the Global South, Javeria says:
Women in this age and time are in a constant combat! We face and fight stereotypes and mobbing on a daily basis, but this has only made us stronger and more determined.
Javeria has been an AWID members since March 2015. She joined AWID to “connect with like-minded people and to be more involved in women’s rights initiatives globally.”
Garantizar la seguridad para las/os defensoras/es de derechos humanos, proteger la libertad de expresión
Originaria de Pakistán, Javeria Ayaz Malik es activista de derechos humanos, así como experta en comunicaciones y seguridad. Vive en Johannesburgo, Sudáfrica, y trabaja como Asesora en Seguridad Internacional y jefa del Departamento de Seguridad del Personal en ActionAid International. En ese rol coordina la política de protección y seguridad de la organización y entabla vínculos externos con redes globales de seguridad. Javeria también asesora a líderes de ActionAid sobre estrategias apropiadas para gestión de la seguridad dirigidas a reducir los riesgos que puede enfrentar el personal en materia de protección y seguridad al cumplir con sus tareas.
Javeria tiene una trayectoria profesional en periodismo y comunicación masiva. Trabajó para la televisión nacional de Pakistán, investigando y escribiendo guiones además de ser presentadora tanto de televisión como de radio. Javeria cree fervientemente en los derechos humanos, la libertad de expresión y la igualdad, y considera que el periodismo y la comunicación fueron sus «primeros amores». Nos comparte sus ideas acerca de la relación entre el periodismo y la seguridad:
"El periodismo ético y objetivo puede influir sobre la sociedad, empoderar a las personas que viven en la pobreza y exigir rendición de cuentas a quienes son responsables de cumplir obligaciones. No es sorprendente que las/os periodistas continúen sufriendo amenazas por parte de regímenes opresores e intereses corporativos en todo el mundo. Por eso mis conocimientos sobre seguridad se tornan relevantes."
Como capacitadora certificada y con experiencia en materia de seguridad, Javeria ha desarrollado planes y metodologías de formación que incluyen módulos específicos dirigidos particularmente a mejorar las estrategias de protección para defensoras/es de derechos humanos y sobre todo para las mujeres defensoras. Javeria es una de las escasas mujeres del Sur Global que son expertas en seguridad y desde esa perspectiva dice:
"En esta época y este momento, ¡las mujeres estamos librando una batalla constante! Cada día enfrentamos estereotipos y acoso, pero todo eso solo nos ha hecho más fuertes y más decididas."
Javeria ha estado afiliada a AWID desde marzo de 2015. Cuenta que «me sumé a AWID para entrar en contacto con personas afines a mí y participar más en iniciativas por los derechos de las mujeres a nivel global».
Quarante ans de campagne pour les droits et la sécurité des travailleuses du sexe
Depuis 1975, l’English Collective of Prostitutes (ECP, le Collectif anglais des prostituées) lutte pour obtenir la décriminalisation du travail du sexe et des conditions de travail plus sûres pour les travailleuses du sexe, tant au niveau national qu’au niveau international.
L’ECP apporte son soutien à toutes les personnes vivant du travail du sexe, indépendamment de leur genre, lorsqu’elles sont poursuivies pour racolage ou pour des faits de tenue de maison close, quand elles se voient contraintes de fermer leur lieu de travail ou qu’elles sont soumises à une ordonnance pour comportement antisocial (Anti-social behaviour orders, ASBOs) .
Nous ne sommes pas des criminelles
« Nous sommes des femmes qui travaillons ou avons travaillé dans différents domaines de l’industrie du sexe, que ce soit dans la rue ou dans des établissements. »
Basé au Royaume-Uni, l’ECP milite pour que les lois qui criminalisent les travailleuses du sexe et leurs familles soient abolies, pour que les faits relatfs au travail du sexe soient supprimés du casier juduciaire et enfin pour que les travailleuses du sexe se voient offrir des alternatives en matière de logement et de développement économique ainsi que des salaires et dans les mots d'ECP, de sorte que "chacune de nous peut sortir de la prostitution si et quand nous le voulons."
Tenir tête au pouvoir de l’État
La lutte en faveur des droits des personnes qui vivent du travail du sexe est permanente et dure depuis des décennies. Il faut du courage pour résister aux lois criminalisantes adoptées par les autorités publiques et à la mise en application de celles-ci par les forces de police. Le courage de l’ECP a souvent été récompensé au cours de ces longues années de lutte et de résistance.
En 1982, 50 femmes du collectif ont occupé une église londonnienne pendant 12 jours pour protester contre les interventions illégales de la police mais aussi contre la violence et le racisme dont sont victimes des travailleurs-euses du sexe qui exercent leurs activités dans la rue. En 1995, avec le soutien de l’organisation Women against Rape (Femmes contre le viol), l’ECP a remporté une victoire qui a fait date. Cette toute première poursuite au privé pour viol avait été lancée parce que les autorités publiques avaient auparavant refusé de poursuivre un violeur en série qui ciblait les travailleuses du sexe.
Il y a dix ans, après le meurtre de cinq femmes à Ipswich, l’ECP a lancé la « Safety First Coalition » (la coalition pour la sécurité avant tout). Cette coalition a été le fer de lance d’une campagne contre la loi relative au maintien de l’ordre et à la prévention de la criminalité (le « Policing and Crime Act »), qui octroyaient des pouvoirs étendus aux policiers pour « nous arrêter pour racolage, nous contraindre à suivre des programme de réhabilitation, rafler nos appartements, nous faire expulser, voler notre argent et nos biens. Cette loi criminalisait également les clients. »
Actuellement, l’ECP fait campagne contre la loi de réforme de la protection sociale qui abolit certaines aides sociales, qui étaient les seules sources de revenu sur lesquelles les mères et les victimes de violence domestique pouvaient compter. Comme l’ECP l’a expliqué à l’AWID, « la plupart des travailleuses du sexe sont des mères qui tentent de faire de leur mieux pour leurs enfants. Il faut les protéger plutôt que les agresser ».
« Nous sommes en contact avec destravailleurs-euses du sexe dans le monde entier. Notre point de départ est toujours la situation que nous vivons dans les pays du Sud, celle que nous vivons dans les rues, alors que beaucoup d’entre nous sont des femmes noires, métisses et/ou des immigrées. »
Membre institutionnel de l’AWID depuis 2014, l’ECP fait également partie de l’International Prostitutes Collective.
Regardez une vidéo dans laquelle Niki Adams, de l’ECP, parle de la décriminalisation du travail du sexe à Soho (en anglais)
Four Decades of Campaigning for the Safety and Rights of Sex Workers
Since 1975, the English Collective of Prostitutes (ECP) has worked nationally and internationally for the decriminalisation of sex work and towards safer working conditions for sex workers. ECP has supported women and other sex workers against charges of soliciting, closure orders, Anti-social behaviour orders (ASBOs), and brothel keeping.
Not criminals
The UK based ECP campaigns for the abolition of laws which criminalize sex workers and their families, for the expunging of criminal records, as well as for housing, economic alternatives and higher benefits and wages and in ECP's words, so that "any of us can leave prostitution if and when we want."
Standing up to state power
The struggle for sex workers’ rights is a continued and decade long struggle. It takes courage to fight against criminalising laws passed by state authorities and enforced by police power. ECP’s courage has often paid off in its many years of advocacy and resistance.
For 12 days in 1982, 50 women from the Collective occupied a church in London to protest against illegal police action, violence and racism against street workers. In 1995, ECP, with the support of Women against Rape, won a landmark case (and first-ever private prosecution for rape) after the authorities declined to prosecute a serial rapist who targeted sex workers. And ten years ago, after the murder of five women in Ipswich, ECP launched the Safety First Coalition, spearheading a campaign against the Policing and Crime Act which gave police greater powers to “arrest us for soliciting, force us into “rehabilitation”, raid our flats, get us evicted, and steal our earnings and property. It also criminalised clients."
Currently the English Collective of Prostitutes is opposing the new Welfare Reform law which abolishes income support as this is the only benefit that mothers and victims of domestic violence rely on. As ECP tells AWID, “Most sex workers are mothers trying to do our best for our children. Mothers should be supported not attacked.”
“We are in touch with sex workers all over the world. The situation of those of us in the Global South and those of us who work the streets, often black women, other women of colour and/or immigrant women, has always been our starting point.”
ECP, an AWID institutional member since 2014, is also part of the International Prostitutes Collective.
Watch Niki Adams of ECP talk about decriminalisation of sex work in Soho.
Cuatro décadas haciendo campaña por la seguridad y los derechos de lxs trabajadorxs sexuales
Desde 1975 el English Collective of Prostitutes [Colectivo Inglés de Prostitutas, ECP] viene trabajando a nivel nacional e internacional contra la criminalización del trabajo sexual y para lograr condiciones de trabajo más seguras para lxs trabajadorxs sexuales. ECP ha respaldado a mujeres y otrxs trabajadorxs sexuales que enfrentaban cargos por prostitución, órdenes de clausura, órdenes civiles por comportamiento antisocial (ASBO por sus siglas en inglés) y por el mantenimiento de burdeles.
No somos criminales
«Somos mujeres que trabajamos o hemos trabajado en diferentes áreas de la industria del sexo - tanto en las calles como en locales.»
ECP tiene sede en el Reino Unido y hace incidencia por la abolición de las leyes que criminalizan a lxs trabajadorxs sexuales y a sus familias y por la eliminación de sus antecedentes penales. También trabaja para lograr viviendas, alternativas económicas y beneficios y sueldos más altos para que lxs trabajadorxs sexuales tengan la posibilidad de dejar ese trabajo si así lo desean.
Haciendo frente al poder del estado
La lucha por los derechos de lxs trabajadorxs sexuales ha sido continua y ya lleva varias décadas. Se requiere valentía para luchar contra leyes criminalizadoras aprobadas por autoridades estatales y aplicadas por el poder policial. La valentía que ha demostrado ECP en sus muchos años de defensa y resistencia a menudo ha dado buenos resultados.
En 1982, durante 12 días, 50 mujeres del Colectivo ocuparon una iglesia en Londres para protestar contra las acciones ilegales de la policía, y también contra la violencia y el racismo hacia lxs trabajadorxs sexuales. En 1995 y con el apoyo de Women Against Rape [Mujeres Contra la Violación], ECP ganó un caso que sentó precedente (y que fue el primer juicio por violación iniciado por una organización a título particular) después de que las autoridades declinaron procesar a un violador en serie que atentaba específicamente contra trabajadorxs sexuales. Y hace diez años, luego del asesinato de cinco mujeres en Ipswich, el colectivo lanzó la Safety First Coalition [Coalición por la Seguridad Ante Todo], una campaña en contra de la Ley sobre Delito y Vigilancia Policial que daba mayor poder a la policía para «arrestarnos por prostitución, obligarnos a ir a ‘rehabilitación’, hacer redadas en nuestros apartamentos, conseguir que nos desalojaran y robar nuestros ingresos y bienes. También criminalizaba a los clientes».
Actualmente, el Colectivo Inglés de Prostitutas se opone a la nueva Ley de Reforma de la Asistencia Social que suprime el apoyo a la renta, porque las madres y víctimas de violencia doméstica dependen de esta única prestación. Según lo que explicaron a AWID, «La mayoría de lxs trabajadorxs sexuales somos madres intentando hacer lo mejor para nuestrxs hijxs. A las madres se las debe apoyar y no atacar.»
«Estamos en contacto con trabajadorxs sexuales de todo el mundo. Nuestro punto de partida siempre ha sido la situación de aquellxs de nosotrxs que estamos en el Sur Global y de las que trabajamos en las calles, a menudo mujeres negras, otras mujeres de color y/o inmigrantes».
ECP, afiliada institucional de AWID desde 2014, también es parte del International Prostitutes Collective [Colectivo Internacional de Prostitutas].
Mira un video en el que Niki Adams del ECP habla (en inglés) sobre la despenalización del trabajo sexual en Soho.
Conéctate:
Ponte en contacto con el Colectivo Inglés de Prostitutas a través de nuestro directorio en línea o por correo electrónico a membership@awid.org.
En 2016, nous nous sommes réuni-e-s pour le 13e forum international de l’AWID, à Bahia au Brésil, qui a accueilli 1 800 participant-e-s venu-e-s de 120 pays et territoires à travers le monde. Le Forum a servi d’espace essentiel pour la mise en place de stratégies et la constitution d’alliances au sein des mouvements féministes et d’autres mouvement de justice.
Nous savons que les droits des femmes et les mouvements féministes sont des éléments moteurs pour l’instauration d’un changement transformateur durable. Au sein de nos mouvements, l’organisation, la résistance et la réponse au difficile contexte se précisent, et dans ce monde de plus en plus connecté, le potentiel des actions collectives de mouvements divers s’est fortement accru. C’est précisément là le travail essentiel que l’AWID cherche à amplifier et à soutenir.
Nous cherchons à informer et outiller les organisations et mouvements de droits des femmes afin de les aider à être en mesure de répondre aux opportunités qui se présentent et de contrecarrer les menaces. Nous appuyons une visibilité accrue et une meilleure compréhension des initiatives pour les droits des femmes et les menaces auxquelles elles font face, et nous oeuvrons également à influer sur les acteur-trice-s et les institutions qui façonnent le devenir des droits de la personne et du développement.
Ce que nous avons réalisé en 2016
Élargissement de la solidarité et actions conjointes de divers mouvements
Le 13e forum international innovant de l’AWID s’est tenu du 8 au 11 septembre 2016 à Bahia, au Brésil, sur le thème : « Horizons féministes ; Construire un
pouvoir collectif pour les droits et la justice ».
Bien qu’une grande partie de l’énergie de l’AWID ait été investie en 2016 dans la tenue du Forum, la réflexion et l’énergie de près de 500 partenaires, intervenant-e-s, animateur-trice-s, artivistes, facilitateur-trice-s, écrivain-e-s, innovateur-trice-s en TI, performeur-euse-s, dont beaucoup sont des meneur-euse-s dans leur domaine, ont été mises à profit. Et en reconnaissance du passé et du combat de Bahia, nous avons accueilli deux jours de Forum des Féminismes Noirs , à l’initiative d’un groupe de travail de féministes Noires du monde entier.
Des connaissances approfondies des problématiques et des stratégies
À propos du défi au pouvoir corporatif : Nous avons publié Contester le pouvoir corporatif : Les luttes pour les droits des femmes, la justice économique et la justice de genre avec le Solidarity Center, qui dévoile la portée et l’ampleur du pouvoir corporatif et souligne comment la collusion qu’entretiennent les entreprises nationales et transnationales avec les élites et autres puissant- e-s acteur-trice-s influence les vies des femmes et des peuples opprimés. Ce rapport présente des clés de stratégies de résistances, en soulignant cinq combats qui se sont saisis de la collaboration entre mouvements pour contester le pouvoir corporatif.
Sur les économies féministes : Nous avons publié Propositions féministes pour une économie juste avec le Centre pour le leadership mondial des femmes (CWGL en anglais) et le Réseau de Développement et de Communication des Femmes Africaines FEMNET.
Sur l’opposition aux fondamentalismes : Le Diable est dans les détails : à la croisée du développement, des droits des femmes et des fondamentalismes religieux détaille la façon dont les fondamentalismes religieux entravent le développement et les droits des femmes en particulier, et offre des recommandations aux acteur-trice-s du développement pour le renforcement des droits des femmes.
Sur le thème de l’activisme des jeunes féministes : Avec FRIDA, nous avons lancé Courageuses, créatives, résilientes : les organisations de jeunes féministes dans le monde : un état de lieux à l’occasion du Pôle d’activisme des jeunes féministes lors du Forum de l’AWID. Ce projet de cartographie des jeunes féministes s’appuie sur les données collectées dans 1 360 demandes de subventions reçues par FRIDA entre 2012 et 2014, qui incluaient 694 interlocutrices issues de 118 pays différents !
Plaidoyer collectif
l’AWID, en partenariat avec d’autres organisations féministes et de droits des femmes, a lancé des actions de plaidoyer et de dialogue afin de rechercher de meilleures solutions pour les programmes de droits des femmes, dont le travail avec le consortium .Count Me In!
Amélioration de la visibilité des mouvements
Les expériences des femmes en situation de handicap, les femmes Noires et Afro-descendantes, les travailleuses du sexe, les femmes Autochtones, les personnes trans et intersexes, les travailleuses domestiques, et la manière dont leurs vies sont impactées par les nombreuses oppressions et la violence ont été placées au centre et au premier plan du processus du Forum.
Au cours des 16 jours d’activisme, et grâce aux contributions de nos incroyables membres, nous avons lancé l’Hommage aux défenseur-e-s des droits humains des femmes 2016 pour honorer la mémoire des défenseur-e-s qui nous ont quitté- e-s.
Notre partenariat avec The Guardian et Cash Mama : la section sur les droits des femmes et l’égalité de genre (en anglais) sur le portail du développement dans le monde du Guardian a permis d’attirer davantage d’attention sur les groupes et les problématiques qui ne font généralement pas l’objet d’une couverture médiatique adéquate.
Nos membres
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Nos membres individuel-le-s et institutionnels viennent de 163 pays situés dans TOUTES les régions du monde. Les dernier-ère-s membres à avoir rejoint notre association viennent de l’Inde, du Royaume-Uni, du Sri Lanka et du Kirghizistan. Nos membres contribuent un éventail riche et diversifié de perspectives, d’expériences, de connaissances, d’énergie et d’inspiration !
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Récemment en vedette :
Rencontrez Angila Ashitua, une jeune femme du comté de Vihiga, situé dans l’ouest du Kenya.
en entrant en contact avec d’autres membres par le biais de notre forum des membres et de notre annuaire en ligne.
en en apprenant davantage sur le travail de l’AWID et sur les questions relatives aux droits des femmes et à la justice sociale grâce à nos publications et ressources, et notamment grâce à notre dernière vidéo en date “Changing Systems, Changing Lives“.(uniquement disponible en anglais).
en prenant part à nos sessions de formation en ligne. Vous pouvez consulter ici les points principaux de notre webinaire sur la Puissance des entreprises et la justice de genre. (uniquement disponible en anglais)
Et bien plus encore !
Vous pouvez renouveler votre adhésion pour une période d’1, 2 ou 3 ans. Nous offrons la possibilité d’une adhésion individuelle ou institutionnelle gratuite à ceux et celles dont les revenus ou budgets sont restreints.
Si vous rencontrez des difficultés lors de votre identification en ligne et avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me contacter à l’adresse suivante : membership@awid.org
Les témoignages de nos membre
«Nous trouvons que l’AWID est un réseau particulièrement stimulant et nous nous impliquons dans beaucoup de ses plateformes. » – Engabu Za Tooro (membre institutionnel de l’AWID)
« Je me réjouis d’entamer une collaboration fructueuse avec l’équipe. J’en suis très heureuse. Merci de m’avoir acceptée parmi vos membres. » – R. Chakraborty (membre individuelle de l’AWID)
« Je tiens à remercier infiniment l’AWID ! Vous accomplissez un travail gigantesque. Vos efforts sont grandement appréciés. » – E. Khan (membre individuelle de l’AWID)
Marianne Mesfin Asfaw est une féministe panafricaine qui se consacre à la justice sociale et à la construction communautaire. Elle est titulaire d'une licence en études de genre et en relations internationales de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) et d'un master en études de genre et de droit de l'Université SOAS de Londres. Auparavant, elle travaillait dans l'administration universitaire et le soutien aux étudiant·e·s internationaux·ales, de même qu’à titre de chercheuse et d’animatrice dans des espaces féministes à but non lucratif. Elle a également travaillé et été bénévole auprès d'organisations non gouvernementales, notamment Plan International, dans des rôles administratifs. Avant d'occuper son poste actuel, elle a travaillé dans le soutien logistique et administratif à l'AWID. Elle est originaire d'Éthiopie, a grandi au Rwanda et est actuellement basée à Tkaronto/Toronto, au Canada. Elle aime lire, voyager et passer du temps avec sa famille et ses ami·e·s. Pendant les mois les plus chauds, on peut la trouver en train de se promener dans des quartiers familiers à la recherche de cafés et de librairies obscurs dans lesquels flâner.
Position
Coordonnatrice de l’Initiative de Construction d’Économies Féministes
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Contester le modèle de croissance économique
Le contexte
Contestant la prémisse que l'économie d'un pays doit toujours «grandir ou mourir», les propositions de décroissance démystifient le rôle central d’une croissance mesurée par l'augmentation du produit intérieur brut (PIB).
Définition
Le modèle de la décroissance propose une transition vers des niveaux de production et de consommation plus faibles et durables. En substance, il s’agit de restreindre l’espace économique pour laisser plus de latitude à la coopération humaine et aux écosystèmes.
La proposition prévoit ce qui suit :
Réduire la production superflue, consommatrice de grandes quantités de ressources et d'énergie, qui génère des émissions destructrices, en particulier dans les pays du Nord (par exemple l’industrie automobile et l’industrie militaire).
Réorienter les investissements vers le secteur des services de soins, des infrastructures sociales et de la restauration de l'environnement.
Perspective féministe
Les perspectives féministes sur la théorie et la pratique de la décroissance soutiennent qu'il est également nécessaire de redéfinir et de reconnaître la valeur du travail rémunéré et non rémunéré, sur le marché comme dans le secteur des soins aux personnes. Ceci contribuerait à surmonter les stéréotypes de genre traditionnels, les écarts de salaires en vigueur et les inégalités de revenus qui dévalorisent le travail réalisé dans le domaine des soins.
Pour en savoir plus sur cette proposition :
Dans The Future WE Want: Occupy development (L'avenir que nous voulons : Occuper le développement), Christa Wichterich fait valoir que pour briser la logique hégémonique de la croissance débridée et le retour rapide sur investissement, un autre modèle de développement doit émerger qui combinerait les trois piliers suivants : les soins, les biens communs ainsi qu’une production et une consommation adéquates. Article en anglais uniquement.
Dans Equitable, Ecological Degrowth: Feminist Contributions (Décroissance équitable et écologique : Contributions féministes), Patricia Perkins suggère d’élaborer des indicateurs alternatifs concernant le bien-être, qui comprendraient notamment des données sur l’équité économique et sociale ainsi que des statistiques sur la répartition du temps de travail. Elle vise à démontrer l'importance du travail et des services non rémunérés pour l'économie et à proposer un mécanisme qui permettrait d’attribuer une valeur à cette contribution.
Jessica est une artiste-activiste queer de Toronto, au Canada, mais qui vit actuellement en Bulgarie. Elle a plus de 15 ans d'expérience dans la riposte au VIH, travaillant aux intersections du genre et du VIH auprès de populations clés (travailleurs·ses du sexe, femmes consommatrices de drogues, communautés LGBTQI, personnes incarcérées et, bien sûr, personnes vivant avec le VIH). Jessica aime créer du mouvement et réfléchir/entreprendre/élaborer des stratégies sur des interventions basées sur les arts. L'un des projets amusants qu'elle a lancé en 2013 était LOVE POSITIVE WOMEN (Femmes positives à l’amour), qui implique plus de 125 groupes et organisations communautaires du monde entier, du 1er au 14 février, pour célébrer les femmes vivant avec le VIH dans leurs communautés.
Position
Responsable de l’Adhésion et de l’Engagement des Membres
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Avertissement : communication avec l’équipe de l’AWID
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Ekaete Judith Umoh est une défenseure internationale des droits des personnes en situation de handicap et experte en développement inclusif. Elle analyse avec finesse les questions relatives au genre, au handicap et au développement inclusif. Son rêve est d’accroître la visibilité des femmes et des filles en situation de handicap au sein du mouvement féministe international et dans tous les efforts de développement à travers le monde.
Passionnée d’activisme et de politique, Ekaete devient la première femme élue présidente de l’Association nationale des personnes en situation de handicap (Joint National Association of Persons with Disabilities, JONAPWD), au Nigéria. À ce titre, elle dirige les organisations de personnes en situation de handicap dans la lutte pour la signature de la loi nigériane sur le handicap de 2019, qu’elle défendait sans relâche depuis plus de 17 ans. Par la suite, elle rejoint CBM Global en tant que directrice nationale et joue un rôle pionnier à la tête de son équipe pendant trois ans, pour briser le cercle de la pauvreté et du handicap au Nigéria. Outre son activisme dans le domaine du handicap, Ekaete a été consultante auprès de plusieurs agences de développement, proposant son expertise technique de l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la conception de programmes et projets.
Une série de films sur les Réalités féministes dans la région Asie/Pacifique
Préparée par Jess X. Snow
avec l’aide de Kamee Abrahamian et Zoraida Ingles
Révisée par Kamee Abrahamian
Dans toute l’Asie et le Pacifique, et dans sa diaspora tout entière, des femmes et des trans farouches se battent pour un avenir où iels pourraient être libres. Alors que l’élévation du niveau des mers menace les îles du Pacifique et les côtes de l’Asie continentale, la lutte pour protéger la Terre et les océans s’intensifie dans le monde entier. La mémoire géologique de notre planète enregistre toutes les expériences qu’elle a vécues : la montée des colonisations, de l’industrialisation et de la destruction de l’environnement est liée à la montée de l’État-nation patriarcal binaire. Le pouvoir au sein de la Terre de se réincarner et d’éclore face à la violence doit alors être mis en lien avec les femmes, la maternité, l’indigénéité et toutes les forces expansives, sacrées et queer. Les Réalités féministes unissent la lutte pour la protection des droits des femmes, des trans et des personnes LGBTQ+ avec celle pour la protection de la Terre, et ce n’est pas une coïncidence. Des mères et filles protégeant le Mauna Kea au Royaume de Hawai’i aux relations complexes entre mères et enfants chez les réfugié·e·s du Vietnam, en passant par les réveils sexuels de personnes queer dans l’Inde conservatrice, la réclamation de la construction de maisons en Mongolie intérieure et la lutte pour la libération des personnes LGBTQ aux Philippines, cet ensemble de films est une constellation des manières selon lesquelles les femmes, personnes queer et trans en Asie-Pacifique défendent de nos jours les multiples voies vers notre libération collective, au-delà des océans et des frontières.
Tous ces films témoignent du sens fort accordé aux lieux : des activistes autochtones protègent leurs terres sacrées, des jeunes déconstruisent les récits coloniaux sur leurs terres et découvrent des vérités cachées, les liens complexes de maternité et de soins sont examinés, et des personnages se tournent vers leur propre corps et leur sexualité comme autant de sanctuaires, lorsque la famille et la ville qui les entourent menacent leur sécurité.
AFTEREARTH
De Jess X. Snow
« Un film envoûtant avec des plans époustouflants qui invoquent la résistance écologique féministe et comment elle prend directement source dans l'histoire culturelle et la terre… »
- Jessica Horn, stratège féministe panafricain·e, écrivain·e et cocréateur·rice de The temple of her skin (Le temple de sa peau)
Dans le documentaire expérimental Afterearth, quatre femmes se battent pour protéger les volcans, les océans, la terre et l’air pour les générations futures. En s’appuyant sur de la musique, de la poésie et le témoignage poignant qui rend honneur aux lieux qu’atteint l’océan Pacifique – Hawai’i, les Philippines, la Chine et l’Amérique du Nord, Afterearth est une méditation poétique sur la relation intergénérationnelle et féministe de quatre femmes avec les terres et les plantes dont elles sont issues.
STANDING ABOVE THE CLOUDS
De Jalena Keane Lee
Dans Standing Above the Clouds, des mères et filles activistes indigènes de Hawai’i se tiennent côte à côte pour protéger leur montagne sacrée, Mauna Kea, contre sa transformation en un site de construction des plus grands télescopes au monde. En tant que protectrices de Mauna Kea, ce film souligne l’interconnexion entre Aloha ʻĀina (l’amour de la terre) et l’amour pour ses aîné·e·s et les générations à venir.
NƯỚC (EAU/TERRE NATALE)
De Quyên Nguyen-Le
Dans ce court-métrage narratif expérimental, Nước (Eau/Terre natale) un·e ado genderqueer vietnamo-américain·e questionne les récits dominants sur la guerre du Vietnam à Los Angeles, Californie. Par le jeu de séquences oniriques fortes et d’intrusions de la réalité, ce film suit le parcours qui lui permet de recomposer et de comprendre l’expérience de sa mère, réfugiée de la guerre du Vietnam.
KAMA’ĀINA
De Kimi Lee
Dans Kama’āina, une jeune queer de seize ans doit se débrouiller pour vivre dans les rues de Oahu, jusqu’à ce qu’elle finisse par pouvoir se réfugier, sur les conseils d’une tata, à Pu’uhonua o Wai’anae, le plus gros camp organisé de sans-abris de Hawai’i.
DEVI
By Karishma Dev Dube
Dans Devi (« déesse » en hindi), Tara, une jeune lesbienne « dans le placard », s’oppose à la fois à sa famille et à la tradition pour vivre son attirance pour la servante de la maison. Située à New Delhi, Devi est une histoire de révélation tout autant qu’un commentaire sur les lignes sociales et de classe qui divisent les femmes de l’Inde contemporaine.
HEADING SOUTH
De Yuan Yuan
Dans Heading South, Chasuna, une fillette de 8 ans élevée par sa mère sur le Plateau de la Mongolie intérieure, rend visite à son père abusif à la grande ville. Pendant qu’elle est chez son père, on lui présente une nouvelle venue dans la famille. Elle doit alors reconnaître et accepter que sa véritable maison est inséparable de sa mère et de la terre.
Outrun
De Johnny Symons & S. Leo Chiang
Dans le long métrage Outrun, nous suivons le parcours de la première femme transgenre au Congrès des Philippines. Face à l’oppression d’une nation majoritairement catholique, son parcours victorieux devient un cri de victoire pour les droits des personnes LGBTQ+ du monde entier.
Alliant le documentaire, le récit et des formes expérimentales, ces films illustrent que l’attention de la communauté, l’amour de soi et une écoute profondément transformatrice entre celleux que nous aimons sont une entrée dans les Réalités féministes auxquelles nous donnons vie aujourd’hui. De toute l’Asie Pacifique et sa diaspora, ces histoires nous montrent que, face à la violence, la tendresse est la plus féroce des résistances.
Jess X. Snow est réalisateur·rice de films, artiste, poète nominé·e au Pushcart, auteur·e de livres pour enfants et éducateur·rice artistique communautaire qui crée des histoires d'immigrant·e·s asiatiques queers qui transcendent les frontières, les binarités et le temps
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Yannia Sofía Garzón Valencia: Je suis une femme noire et une tisserande communautaire. Je vis à Santander de Quilichao dans le Cauca, en Colombie. Je m’intéresse aux processus créatifs autour desquels s’organise une vie collective durable. J’aime échanger des idées et cuisiner, faire des recherches et analyser, planter des graines et apprendre des plantes, lire et jouer. Je coordonne actuellement l’Observatoire des violences fondées sur le genre à l’encontre des communautés afro-descendantes en Colombie (@VigiaAfro).
Nous « partagions » toutes les trois l’après-midi dans un quartier du sud de Bogotá.
Il y avait une aire de jeux verte particulièrement grande, et nous étions assises sur de petits tabourets de bois sous un grand sureau. Nous faisions enfin l’expérience de cette autre forme d’amour – ce plaisir d’être ensemble et de s’écouter les unes les autres. Pour moi, ce genre de discussion compte parmi les expressions d’amour dont la vie me permettait de profiter depuis peu. Je ne savais pas que cette autre forme d’amour – que l’on trouve en dehors d’ateliers de formation, d’espaces d’activisme, de classes ou de lieux de travail – était possible. Mais nous trois, amies, avons passé l’après-midi entre nous, sans prétendre ne pas remarquer nos couleurs de peau respectives. C’était, au contraire, un facteur vécu qui nous permit de discuter de manière très intime des similitudes et des différences de nos expériences d’enfance et de jeunesse.
Ces discussions n’avaient aucun lien avec les prochaines activités du mouvement noir en Colombie, mais elles m’ont néanmoins nourrie et ont acquis de nouvelles significations. Notre intimité découlait de notre rapprochement, notre reconnaissance mutuelle et la perception de nos libérations uniques et individuelles. Et par la prise de conscience qu’il n’y a pas une, mais bien plusieurs voies vers la libération – ces voies que nous incarnions chaque fois que nous disions « non » et nous nous rebellions. Loin de tout malaise, nous nous sommes rencontrées avec une réelle authenticité empreinte de faiblesse et de force, qui nous rapprochait plus qu’elle ne nous séparait.
Notre objectif en ce bel après-midi était simplement d’être – d’avoir la conscience d’être simplement entre nous. Nous avons cheminé dans nos passés afin que nos mémoires conservées soient celles que nous avions décidé de garder en nous, et non celles que la peur avait fait entrer et inscrites en nous. Nous nous sommes remémoré des extraits très précis d’émissions de télé et avons chanté des chansons d’artistes qui nous avaient appris à bien aimer, à bien haïr, à jurer comme les pires brigands et à souffrir comme de vraies dames.
Nous nous sommes raconté nos mauvais coups à l’école, et ce qui demeurait dans notre subconscient d’avoir été exposées aux nombreuses manières qu’ont les médias de répéter la même chose – et après que les enseignantes et les nonnes à l’école nous aient abreuvées d’histoires nous incitant à nous identifier et à nous approprier les aspirations de Cendrillon pour nos propres vies. Cela donnait le ton pour le reste de notre histoire : le drame de la fille pauvre et affaiblie qui ne s’accomplira entièrement que par un acte qui la sauvera de sa condition. Et cet acte ne pourra que prendre la forme du regard d’un homme qui est, au minimum, blanc, méritant ainsi ce qui est entre nos cuisses – sa « principale aspiration » – et « la réalisation parfaite de nos rêves », ce qui nous était alors enseigné comme étant notre principale aspiration à nous aussi.
Nous étions trois, cet après-midi-là. Nous avions chacune été élevée dans une région différente du pays, mais il était absolument fascinant de néanmoins pouvoir citer des extraits de chansons et des situations de séries télévisées, qui – comme nous l’avons compris en apprenant à nous connaître – partageaient des codes ou des symboles répétés, à quelques différences près, dans nos maisons, dans nos premières relations et dans nos quartiers et nos écoles. Élevées par des « drames » (n’est-ce pas ainsi que l’on appelle ce genre si populaire?) dans lesquels plus on souffre plus on est méritante, la question de « comment et dans quelles situations est-il acceptable ou légitime de souffrir » devient un étalon important de la manière dont la personne qui souffre devrait être considérée, ce qu’elle devrait faire et qui elle devrait être. Certaines d’entre nous étions parvenues à nous libérer et à « apprendre » une définition de l’amour qui ne pouvait être apprise qu’à l’âge adulte, brisant toute illusion et acceptant le péché naturel. Et prenant conscience de la production industrielle d’une vierge, à qui nous pouvions refuser de ressembler car elle n’avait pas sa place dans notre entendement, et de la déception qu’apporte cette aliénation.
Après avoir chanté, nous avons examiné nos premières explorations sexuelles. Je n’avais jamais pensé que la plupart des gens en faisaient l’expérience avant l’âge de neuf ans et que, même à l’âge adulte, ces expériences et ces mémoires demeurent un fardeau encombrant. Même aujourd’hui, dans des milliers d’endroits, des millions de filles et de garçons voient leur innocence mise à mal par un manque de confiance et l’ignorance que nous affichons lorsqu’elles et ils tentent d’explorer leur corps. Blâmer la curiosité est un mécanisme de contrôle radicalement efficace. Nous sommes revenues sur les brèves conversations que nous avions eues lorsque nous avons changé l’histoire de nos vies, passant de Noires maudites à une perspective qui nous a permis de renaître. Nous avons évoqué le souvenir du nombre conséquent de tantes et de cousines qui avaient quitté leur maison, leur centre, leurs racines, à la recherche d’un avenir à l’extérieur, ailleurs.
« Elle apprit qu’il fallait qu’elle prenne soin de son ventre en gardant ses tissus au chaud, pour éviter le froid qui entre par cette partie plus souple sur le dessus de la tête, par les pieds, par les oreilles, afin de ne pas avoir mal, et particulièrement lorsque l’on a ses règles. Pour ce faire, il faut prêter attention à ce que l’on mange, à la manière dont on s’habille et à la manière dont on marche, car tout cela est en lien avec la santé des filles. »
L’avenir a un coût : il exige que les relations qui ont marqué notre enfance soient refaçonnées et jetées dans l’oubli. Ce sont nos fondations, mais elles ne sont pas pertinentes si nous voulons continuer à avancer. Pour nous, avancer était synonyme d’apprendre par cœur ce que nous nous faisions à nous-mêmes avec les occasions que nous trouvions ailleurs. Parce que c’est ailleurs, et non en nous, que se trouvent ces occasions, que nous sommes disponibles, que nous devons être à l’extérieur. Cependant, pour beaucoup de nos tantes et de nos cousines, le coût des rares occasions de s’inscrire et d’assister à des cours du soir ou de prendre un congé sabbatique du travail domestique était celui de devenir la première expérience sexuelle de proches qui vivaient dans l’avenir. Un avenir pour lequel d’autres avant elles avaient également payé, et dont elles avaient déjà oublié le prix. Cette exigence de paiement arrivait avec la même ponctualité que celle de la facture d’électricité. Nous n’accepterons pas cet héritage.
Il y avait, en Colombie et en Amérique latine, un manuel de bonnes manières intitulé La urbanidad de Carreño (Le manuel de bonnes manières de Carreño). Sa lecture était obligatoire dans les écoles publiques et privées jusque dans les années 1990. Ce manuel conditionnait la manière dont les corps étaient perçus et ma mère, accueillie et élevée par des nonnes carmélites, le connaissait par cœur. La première fois que je l’ai lu, j’ai dû m’arrêter à plusieurs reprises pour me frotter le ventre qui me faisait mal tant je riais. Il contient des instructions ridicules telles que : prenez une douche les yeux fermés et éteignez la lumière lorsque vous enfilez votre chemise de nuit. Différents chapitres traitent de la manière de se comporter à la maison, dans la rue, et lors d’un dîner ou d’un déjeuner public – soit les normes du bon goût et du savoir-vivre. La base éthique pour les bons citoyens était l’urbanité qui leur permettait de s’éloigner de la ruralité. Ce même manuel précisait que de saluer un proche de l’autre côté de la rue en criant n’était pas acceptable; les bonnes manières nous dictaient de traverser la rue. De la même manière, les hommes doivent retirer leur manteau et le mettre sur des flaques d’eau lorsqu’ils sont accompagnés par une femme, afin qu’elle ne mouille pas ses chaussures. Je pensais à la manière de saluer quelqu’un de l’autre côté d’une rivière, et au fait qu’il fait si chaud où nous vivons que nous ne portons pas de manteau.
L’auteur de ce manuel, Monsieur Carreño, est le contraire du grand-père d’une dame âgée née à Turbo. Elle me raconta un jour que son grand-père était un homme sage, qui lui avait parlé de l’accouchement et de la manière de prendre soin de son corps. Elle apprit qu’il fallait qu’elle prenne soin de son ventre en gardant ses tissus au chaud, pour éviter le froid qui entre par cette partie plus souple sur le dessus de la tête, par les pieds, par les oreilles, afin de ne pas avoir mal, et particulièrement lorsque l’on a ses règles. Pour ce faire, il faut prêter attention à ce que l’on mange, à la manière dont on s’habille et à la manière dont on marche, car tout cela est en lien avec la santé des filles. La femme âgée ajouta que son grand-père dévoué lui avait également enseigné que les crampes étaient plus fréquentes depuis que les sols des maisons n’étaient plus en terre battue ou en bois. Depuis le béton et le carrelage, ces matériaux qui permettaient au froid d’entrer dans la maison par les pieds, les tensions dans les tissus du ventre augmentaient également.
Encore une surprise. Il y avait une telle distance entre Don Carreño et le sage grand-père en termes de conscience de la vie – aussi grande que les injonctions à bien se comporter qui brident nos impulsions et nos sens, même le bon sens commun qui valorise la santé. C’est alors que je compris une des manières selon lesquelles le béton empêche la terre de respirer, et nous en empêche également par le fait même. Je n’avais pas réalisé qu’il y avait, et qu’il y a toujours, une architecture et des matériaux pour prendre soin de nos corps. En Colombie, et dans d’autres pays, les matériaux utilisés pour faire des maisons sont des indicateurs d’une pauvreté multidimensionnelle. Une maison construite avec du béton nous éloigne de la perception de la pauvreté. C’est là un simple exemple décevant de la manière dont le progrès nous incite à délaisser la relation entre notre environnement et notre corps. Le bon goût et l’urbanité nous poussent à l’extérieur : pour avancer, mentent-ils, il faut aller là-bas.
« Je compris une des manières selon lesquelles le béton empêche la terre de respirer, et nous en empêche également par le fait même. Je n’avais pas réalisé qu’il y avait, et qu’il y a toujours, une architecture et des matériaux pour prendre soin de nos corps. »
Nous étions embêtées par la prise de conscience que ni nos mères ni nos pères ne nous avaient parlé des menstruations, sauf quand la tache brune avait déjà sali nos culottes. Ils avaient échoué à nous protéger contre la honte qui était supposée être un sentiment naturel lorsque nos menstruations avaient commencé. Et avec les menstruations venaient les crampes souvent supportées en silence, parce qu’il y avait du travail à faire; certaines de ces crampes étaient dues à des kystes, des hématomes ou des fibromes qui avaient tué les grands-mères qui avaient découvert et oublié les traitements de soins, puis s’était oubliées elles-mêmes. L’haleine de nos mères et de nos pères devenait de plus en plus froide, mais l’Extérieur frigorifiait la familiarité et, au lieu de réchauffer nos ventres, exprimait des jugements avec des conseils qui semblaient être des avertissements à propos de la seule chose qui importe aux hommes. Ceci s’appliquait à tous les hommes – légitimant ainsi le rôle de pillage du phallus, comme si sa seule option était de prendre ce que nous avions entre nos cuisses. Les nombreuses versions de cette vérité étaient remplacées par une naturalisation inamovible et fortement ancrée : dire à toutes les femmes que nous devions nous préserver pour l’un d’entre eux, pour celui qui introduira le premier son pénis en nous, pour celui qui nous donnera quelque chose en échange, et que nous sommes des femmes uniquement car nous aspirons à, et nous le laissons le mettre en nous. Quand j’étais une petite fille, j’ai exploré des petits pénis et des petits clitoris et, entre les séances de jeux entre filles, la question chuchotée était : à qui le tour de jouer l’homme et à qui le tour de jouer la femme? Et la réponse : les débuts de petits orgasmes, peu importe avec qui. Je suppose que la même chose doit se passer entre les corps de garçons.
Les expériences et les explorations de nos tantes, nos cousines et nos proches portaient essentiellement sur le corps et sa nudité en tant que tabou. Elles évitaient de l’exprimer et de le nommer, au point de le couvrir, de donner de nouveaux noms à ses excrétions, ses expulsions, sa procréation et, juste entre nous les femmes, ses fonctions de réception. J’ai entendu un jour une femme âgée dans un atelier de formation dire que lorsqu’elle vivait avec sa grand-mère, son souvenir était que cette vieille femme dormait en gardant un œil ouvert, avec un fusil posé sur son matelas. Le bruit le plus ténu dans la nuit suffisait à ce qu’elle empoigne son arme et vise. C’est là une situation courante en Colombie Pacifique, où certains comportements très néfastes sont normalisés. Des hommes mariés ou célibataires qui aiment bien une jeune femme pénètrent dans sa chambre la nuit – on appelle ça la gateada. Et cela n’est pas sans risque : si les tenant·es de l’autorité dans la famille réalisent ce qu’il se passe, qu’il s’agisse d’un abus ou non, l’homme peut être blessé, voire tué.
Cette habitude de faire sa propre loi n’a cependant jamais mis un terme aux gateadas, même encore aujourd’hui. Lors de ce même atelier – comme je le répétais à mes sœurs – d’autres participantes dirent que ni elle ni leur mère ne laisserait leur fille seule avec leur père à l’heure du bain, à moins que les filles ne portent un sous-vêtement. Je me suis alors souvenue de la voix de mon père me disant, lorsque j’avais sept ans, ta mère ne m’a jamais laissé te donner le bain. Après avoir parlé de cela, une autre femme répondit que, au contraire, son père l’a baignée toute nue dans la cour de sa maison d’enfance jusqu’à ses sept ans, puis son frère aîné le fit jusqu’à ses neuf ans. Elle ne sentit jamais quoi que ce soit de bizarre à la manière dont ils la regardaient; pour eux, c’était là simplement une autre tâche consistant à prendre soin de l’enfant la plus gâtée de la maison. Elle se souvient avoir été vue pour ce qu’elle était : une enfant fille, une enfant sœur, qui n’aimait pas l’eau.
Les enfances, à nouveau, hier comme aujourd’hui. Nous avons été surprises par cette histoire qui nous a réconfortées. Même moi j’avais vu que les choses étaient différentes ailleurs; le père de ma fille lui a donné son bain dans la baignoire jusqu’à ce qu’elle soit âgée d’environ deux ans. Même avant ses deux ans, il lui donnait de légères tapes sur les fesses, vers le haut, pour les faire grossir, disait-il. Nous pourrions ici parler de dimensions supplémentaires de la manière dont nous construisons nos corps, mais c’est là une tout autre histoire. Pour moi, il s’agissait d’une tâche de soins, parmi les nombreuses autres, que nous avions décidé d’un commun accord de répartir entre nous, avant même la naissance du bébé. Et la décision de ne pas considérer chaque homme comme un violeur en embuscade ne signifie pas que ce ne sont pas des violeurs, mais plutôt qu’ils peuvent arrêter de l’être. Il y a également des hommes et des corps masculins qui ont été élevés à ne jamais être des violeurs.
Cela a toujours cours. C’est arrivé à une de nos amies et à ma propre fille. Je me suis dit : comment se fait-il que certaines femmes soient en couple avec des hommes à qui elles ne peuvent pas faire confiance pour prendre soin de leur fille? Je suis sûre que ma mère aimait mon père. Et, bien qu’on ne parle que rarement de la femme qu’elle était avant de devenir ma mère, je sais que ces expériences d’abus ne peuvent être comparées à la brutalité et à la tolérance exagérée envers celles d’aujourd’hui. Mais cela demeure une décision que de nombreuses femmes dans de nombreux lieux prennent, ce qui entraîne d’autres questions. À quelle fréquence, combien de fois, ont eu lieu les cas d’abus dans nos familles élargies pour que les femmes interdisent de manière ouverte, ou de manière imperceptible, à leurs partenaires de donner le bain à leur fille? Est-ce que cela est en lien avec la surexposition médiatique à laquelle nous sommes soumises et soumis dès notre naissance? Qu’est-ce qui délite les liens familiaux et les transforme en simples échanges de satisfaction corporelle? Est-ce que cela tient à la proximité des valeurs urbaines qui portent tant d’attention aux bonnes formes des corps des femmes en tant qu’objets de désir, et poussent les corps masculins à se comporter comme des propriétaires et des conquérants, remplissant la mission de mimétisme des représentations médiatiques pour être rassurés dans leur identité? Est-ce le béton et d’autres codes, comme les bonnes manières de Carreño, qui les font perdurer? Est-ce encouragé par le besoin d’oublier certaines relations comme prix du progrès, cette insistance à « faire pour l’extérieur »? Que se passe-t-il avec ce que nous avons appris à notre époque, celles et ceux qui, en secret ou non, se sont adonné·e·s à des explorations sexuelles en tant qu’enfants? Cela a-t-il été effacé par la culpabilité? S’agissait-il des graines de méfiance et de honte en nous-mêmes? En effet, ne s’agit-il pas là de possibilités d’apprentissage dans lesquelles avoir confiance, comprendre la nudité des corps comme faisant partie du respect de soi-même et des autres? Ces questions émergent dans des espaces de confiance, où la peur de dire ce que l’on pense et ce que l’on ressent est chassée par l’intention de l’accompagnement. J’imagine combien nous sommes, dans tous les coins de cette planète, et je suis certaine que ce ne sont pas de nouvelles questions, que les messages qu’elles contiennent sont répétés, et que l’on se trouve à vivre dans les réponses.
Continuez à explorer Incarnations transnationales
Cette édition du journal, en partenariat avec Kohl : a Journal for Body and Gender Research (Kohl : une revue pour la recherche sur le corps et le genre) explorera les solutions, propositions et réalités féministes afin de transformer notre monde actuel, nos corps et nos sexualités.
نصدر النسخة هذه من المجلة بالشراكة مع «كحل: مجلة لأبحاث الجسد والجندر»، وسنستكشف عبرها الحلول والاقتراحات وأنواع الواقع النسوية لتغيير عالمنا الحالي وكذلك أجسادنا وجنسانياتنا.
Si la Conférence de Doha a permis d’aller au-delà de Monterrey du point de vue de l’égalité des genres, ses résultats restent insuffisants dans ce domaine. Dans une déclaration , le WWG on FfD (Groupe de travail des femmes sur le FdD) a souligné le fait que les engagements en faveur de l’égalité des genres figurant dans la Déclaration de Doha ne prendraient sens que si les questions systémiques qui sous-tendent la pauvreté et l’inégale répartition du pouvoir et des ressources dans l’économie politique mondiale étaient fermement traitées.
Féministes soudanaises : « une révolution au sein de la révolution »
« J’ai subi des violences sexuelles, des blessures physiques et d’autres formes de violence lorsque je manifestais sur les lignes de front. Mais je ne m’arrêterai jamais, tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas de régime civil au Soudan. Nous devons arrêter la militarisation de l’État. Nos corps ne doivent plus être traités comme des champs de bataille »
Les femmes sont à la tête de la révolution au Soudan depuis quatre ans. Leur leadership ne s’est pas limité à la rue : elles étaient la force motrice de la résistance continue à tous les niveaux. Les femmes et les jeunes féministes sont devenues la conscience alerte du mouvement pour le changement et la démocratisation au Soudan. Dès la première manifestation contre l’ancien régime dans la ville d’Aldmazein, dans la région en conflit du Nil Bleu, le 13 décembre 2018, de jeunes écolières sont devenues les porte-voix réclamant la fin de 30 années de dictature militaire et de Frères musulmans.
Le mouvement féministe mené par de jeunes femmes âgées de 16 à 35 ans a créé une révolution au sein de la révolution incessante depuis quatre ans au Soudan. Les voix des jeunes femmes qui occupent l’espace dans les rues, sur les réseaux sociaux, au sein de la société civile et des organisations politiques sont suffisamment fortes pour avoir remodelé l’opinion publique et questionné les normes sociales. Les discussions sur les violences sexuelles et basées sur le genre et les tabous de la violence domestique et des processus décisionnels dominés par les hommes sont devenues des débats courants pour la première fois dans l’histoire du Soudan. Les équipes de football féminines, les femmes porte-parole de comités de la résistance et les syndicats professionnels dirigés par des femmes sont quelques-uns des faits saillants de la nouvelle vague du mouvement féministe au Soudan. Des jeunes femmes se définissant fièrement et publiquement comme féministes est le gain le plus important, dans un pays dirigé depuis trois décennies par un islam fondamentaliste. De jeunes hommes soutenant l’activisme féministe et s’identifiant eux-mêmes comme féministes est un autre progrès qu’il convient de souligner.
Ce progrès n’est pas sans coût, tout comme il n’est pas parfait. Les activistes féministes, les groupes et les activistes se retrouvent face aux difficultés typiques rencontrées dans les contextes conservateurs et affectés par des conflits. Mais l’impact du mouvement des jeunes féministes au Soudan mérite d’être encensé. Dépasser les obstacles internes des différences de culture, de religion et des conflits historiques est un défi en soi, que les jeunes féministes au Soudan semblent relever activement. La création d’écoles féministes au Darfour et dans le Kordofan révèle la trajectoire unique du travail des jeunes féministes au Soudan, dont nous pouvons tirer des enseignements.
Il n’est pas possible de nommer les jeunes femmes à la tête de ces efforts et les groupes de femmes actives sur le terrain, du fait des nombreuses préoccupations sécuritaires suite au coup d’État militaire toujours en cours. Mais leur résilience, leur force et leur courage devront figurer dans les livres d’histoire. Ces jeunes femmes audacieuses à la tête de la résistance dans les rues, derrière leurs écrans, dans différentes professions et sur différents terrains d’activisme façonnent l’avenir du Soudan. Les jeunes féministes au Soudan créent de nouveaux espaces pour que des récits et des discours féministes restructurent la distribution du pouvoir, dans ses aspects politiques, économiques et sociaux.
Malgré l’immensité de la violence, la résurgence d’un islam fondamentaliste, la militarisation et la réduction des espaces civiques, les activistes féministes au Soudan restent ancrées dans leurs sororités. Elles demeurent une incroyable source d’inspiration pour les mouvements féministes à travers le monde.
Nazik Awad
* Amal est un pseudonyme afin de protéger la jeune activiste citée. ** Le Soudan vit une révolution constante depuis 2018. Une nouvelle vague a démarré après le coup d’État militaire du 25 octobre 2021.