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Que la fête commence ! Mettons en œuvre le Programme de développement pour l’après-2015

Cette semaine, l’adoption formelle du Programme de développement pour l’après-2015 est venue couronner trois années d’intense travail pour de nombreuses parties prenantes. En tant que membre de la société civile et représentante de la jeunesse – pour le compte d’Astra Youth, le réseau des jeunes militant-e-s pour la SDSR –, je suis honorée d’avoir eu la chance de collaborer avec un groupe d’extraordinaires activistes de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR). Tous et toutes ont plaidé sans relâche en faveur des droits des jeunes et des femmes pour tenter de faire de ce nouveau programme un outil ambitieux, progressiste et centré sur les droits humains.

Cette lutte m’a laissé un sentiment doux-amer. Nous avons travaillé à l’élaboration de stratégies de plaidoyer en faveur de la SDSR des jeunes ainsi qu’à la conception des messages que nous voulions transmettre. Nous avons échangé des idées et écrit d’innombrables lettres et déclarations. Nous avons tenté par tous les moyens de faire de la SDSR des jeunes une des priorités du programme pour l’après-2015. Cette période a été exaltante mais aussi frustrante, notamment lorsque nous avons dû faire face à l’opposition des représentant-e-s des États membres, dont le comportement oscillait entre un silence calculé et des tentatives pour minimiser l’importance de la SDSR dans le cadre de développement. Au-delà de ces difficultés, nous avons gagné en assurance parce que nous avons pu entendre certain-e-s décideur-e-s exprimer leur ferme soutien à la SDSR, à l’égalité de genre et aux droits des jeunes. Après de nombreuses heures de négociation, les 193 États membres de l’ONU ont adopté le texte intitulé Transformer notre monde, programme de développement durable d’ici 2030.

Nous disposons maintenant des mots, il est temps d’agir. Mais que devons-nous – la communauté internationale – faire, exactement ? Nous devons exercer une pression constante sur nos gouvernements pour qu’ils honorent leurs engagements et que, ce faisant, ils tiennent compte à chaque seconde des jeunes et des adolescent-e-s. Dans le contexte où je travaille –  en Europe centrale, en Europe orientale et dans les Balkans –, exercer cette pression relèvera indéniablement du défi. Dans la région, les militant-e-s pro-vie ont récemment pris de nombreuses initiatives qui ont fortement influencé les décisions politiques et les attitudes sociales. Le discours sur « l’idéologie du genre » s’est répandu, entrainant la diffusion d’informations erronées sur le contenu réel des programmes complets d’éducation sexuelle. De nombreuses lois tentent d’interdire l’avortement, de limiter les possibilités d’accès aux méthodes contraceptives modernes et de réduire l’éducation sexuelle à l’enseignement de l’abstinence. Au final, il s’agit de restreindre la capacité des jeunes et des femmes de décider de leur vie et de faire leurs propres choix en matière de santé. La SDSR est encore considérée comme une simple option et cela doit changer. La question n’est pas de savoir si la SDSR est importante ! La seule question que nous devrions nous poser et la seule laquelle nous devrions répondre est la suivante : comment allons-nous faire de la SDSR une réalité pour tous et toutes.

C’est une question à laquelle je dois moi-aussi trouver une réponse, d’autant plus que je dispose désormais de ce cadre de développement. Je pense que cette période de plaidoyer pour l’après-2015 a porté ses fruits sur de nombreux points : nous avons construit des partenariats diversifiés au-delà des frontières, nous avons réussi à conserver une approche intersectionnelle, nous avons pris connaissance des points de vue des jeunes activistes et, au lieu de repousser notre travail de plaidoyer à plus tard dans les moments difficiles, nous nous mutuellement aidée-s à garder le cap. J’espère que les stratégies et les approches que nous avons élaborées vont contribuer à renforcer les actions de la société civile menées en faveur de la SDSR dans les régions et internationalement. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce soit le cas.

Le processus pour l’après-2015 n’est pas terminé, il ne fait que commencer. Nous disposons désormais d’un outil – le cadre de développement. Faisons en sorte qu’en cette période décisive, ce document soit une source de mobilisation et qu’il nous incite à agir en faveur de l’égalité de genre et de la réalisation des droits des jeunes et des femmes. Ensemble, nous devons faire bon usage de ce Programme dans l’intérêt du bien-être, de la sécurité, de la santé et de la vie des générations actuelles et futures.


Małgorzata est âgée de 27 ans. Elle est coordinatrice au sein d’ASTRA Youth. Astra Youth est un réseau de jeunes militant-e-s en faveur de la santé et des droits sexuels et reproductifs en Europe centrale et orientale.
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