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Nos réalités vécues : Réflexions d’une jeune féministe gambienne sur la solidarité, le féminisme et la revendication de nos droits

Dès le moment où nous (#YAFDialogues) avons commencé à élaborer notre session baptisée « Nos réalités vécues : voix de jeunes féministes africaines », j’ai senti monter en moi une véritable impatience de vivre à la fois le 13e Forum international de l’AWID et le Forum des Féminismes Noirs (BFF). Cette impatience s’est intensifiée quand j’ai obtenu l’aide financière du Fonds d’accès de l’AWID et elle était à son comble le jour où j’ai atterri à Costa do Sauípe, dans l’État brésilien de Bahìa !


J’étais particulièrement enthousiaste 

à l’idée de me retrouver au milieu de plus de 1 000 féministes venu-e-s du monde entier et de pouvoir interagir avec des personnes qui ont les mêmes préoccupations que moi, créer des liens, échanger des idées et, plus important encore, faire progresser collectivement les priorités féministes ! Je suis très heureuse de dire que mon enthousiasme n’était pas vain et qu’il s’est mué en un véritable sentiment de satisfaction ! 

Le BFF a été exceptionnel ! Il m’a permis de réaliser que le féminisme est bien plus que le simple fait de se dire féministe et qu’il s’agit véritablement d’œuvrer aux progrès des priorités féministes en oubliant les « si » et les « mais ». Dans ce contexte, j’ai pu renforcer ma conviction selon laquelle le féminisme doit être exprimé oralement mais aussi par le biais de différentes formes d’art ! J’ai également pu reconnaître le fait que nous, jeunes féministes, sommes essentiel-le-s aux progrès et au renforcement des priorités féministes et que, de ce fait, nous devrions prendre part aux processus décisionnels relatifs aux horizons féministes. Il nous faut impérativement combler le fossé de génération qui sépare les féministes les plus âgé-e-s des plus jeunes.

Je suis une féministe auto-déclarée depuis cinq ans maintenant, mais le Forum de l’AWID m’a tout de même ouvert les yeux ! Tout au long de mon aventure féministe, je n’avais jamais assisté à des sessions exclusivement axées sur la réalité des violations des droits des femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres (LBT). Cette expérience m’a permis de mesurer l’ampleur des discriminations que subissent les femmes LBT et de comprendre qu’elles ont des droits et que ces derniers devraient être respectés quel que soit leur lieu de résidence.

Je suis également très heureuse 

de faire part de mes observations sur la solidarité dont ont fait preuve les participant-e-s tout au long du Forum de l’AWID et du BFF. Dans aucun autre rassemblement féministe je n’avais fait l’expérience d’une solidarité aussi forte que celle qu’ont manifesté les féministes présent-e-s durant ces sept jours. Cette solidarité m’a donné le sentiment de détenir un véritable pouvoir en tant que féministe ! Elle m’a permis d’avoir suffisamment confiance en moi pour participer activement aux sessions auxquelles j’ai assisté et pour faire part de la réalité que je vis dans mon pays aux participant-e-s à notre session « Nos réalités vécues : voix de jeunes féminismes africaines ». Mais, plus encore, j’ai eu suffisamment confiance en moi pour redire haut et fort : « Je suis une féministe ! ». Nous devrions davantage pratiquer la solidarité dans nos différentes communautés. Si les personnes et les organisations qui œuvrent en faveur des mêmes objectifs font preuve de solidarité les unes envers les autres, l’opinion publique ciblée prendra conscience du fait qu’il ne s’agit pas de revendications d’ordre individuel mais d’une problématique collective qui ne devrait pas être négligée. Nous bénéficierions dès lors du pouvoir, de l’influence et de la résistance qui nous permettraient d’atteindre nos objectifs.

Enfin, 

j’ai emporté avec moi un autre message important qui m’est apparu pendant notre session intitulée « Nos réalités vécues : voix de jeunes féminismes africaines ». Nous devons accorder notre attention à l’ensemble des problèmes relatifs aux droits des femmes, et pas seulement aux questions qui relèvent de notre expertise ou de notre champ de connaissance. En tant que féministe, le courage est une vertu indispensable parce qu’il nous permet d’évoquer des questions négligées qui portent sur les droits des femmes, des questions souvent considérées comme « sujettes à controverse » dans nos sociétés. Je pense que le fait que je revendique mes droits n’est aucunement « sujet à controverse », parce que cela relève de mes propres prérogatives. En quoi ces droits peuvent-ils être considérés comme « sujets à controverse » au point que je ne doive ni en parler ni les revendiquer ? 

En tant que féministe, je pense que tous les droits des femmes sont importants et qu’aucun d’entre eux n’est « sujet à controverse ». C’est une conviction qui devrait animer l’ensemble des féministes !

A propos de l'auteure

Mariatou, 23 ans, est membre de l'AWID et une « féministe, jeune activiste et défenseure des droits humains » de Gambie. Elle appartient à Think Young Women (TYW) – The Gambia, une organisation non gouvernementale dirigée par des jeunes femmes. 

 

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Analyses
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Afrique