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TV5Monde: Kate Millett, décès d'une féministe qui combattait avec caresses et plaisir

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TV5Monde: Kate Millett, décès d'une féministe qui combattait avec caresses et plaisir
Nombre d’hommes qui partagent notre engagement vis-à-vis du féminisme et des droits humains des femmes sont membres de l’AWID.
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Tshegofatso Senne est un·e féministe noir·e atteint·e d’une maladie chronique et genderqueer qui fait le maximum. Une grande partie de son travail est axée sur le plaisir, la communauté et le rêve et s’alimente de l’abolitionnisme somatique et du handicap, de la guérison et des justices transformatives. Tshegofatso écrit, fait des recherches et s’exprime sur des questions concernant le féminisme, la communauté, la justice sexuelle et reproductive, le consentement, la culture du viol et la justice, et élabore depuis 8 ans des théories sur la façon dont le plaisir recoupe ces différents thèmes. Tandis qu’iel dirige sa propre entreprise, Thembekile Stationery, sa plateforme communautaire Hedone rassemble les gens pour explorer et comprendre le pouvoir du plaisir et de la prise de conscience de traumatismes dans leur vie quotidienne. |
C’est dans notre corps, et non dans notre cerveau pensant, que nous expérimentons la plupart de nos douleurs, nos plaisirs, nos joies, et là où nous traitons la majeure partie de ce qui nous arrive. C’est également là que nous faisons la plupart de notre travail de guérison, et notamment notre guérison émotionnelle et psychologique. Et c’est là où nous faisons l’expérience de la résilience et d’une sorte de flux.
Ces mots, ceux de Resmaa Menakem dans son roman My Grandmother’s Hands résonnent toujours en moi
Le corps contient nos expériences. Nos mémoires. Notre résilience. Et comme l’a écrit Menakem, le corps contient également nos traumatismes. Il emploie des mécanismes spontanés de protection pour arrêter ou prévenir les dommages supplémentaires. Le pouvoir du corps. Le traumatisme, ce n’est pas l’événement, c’est la manière dont nos corps répondent aux événements qui nous semblent dangereux. Et le trauma reste souvent coincé dans notre corps, jusqu’à ce que nous l’abordions. Il n’est pas possible de faire autrement – c’est ainsi que notre corps l’entend.
En utilisant l’appli Digital Superpower de Ling Tan, j’ai observé les réactions de mon corps alors que je me promenais dans différents quartiers de ma ville, Johannesburg, en Afrique du Sud. L’appli est une plateforme en ligne pilotée par le mouvement qui permet de suivre nos perceptions pendant que l’on se déplace dans un lieu, en saisissant et en enregistrant les données. Je m’en suis servie pour faire le suivi de mes symptômes psychosomatiques – les réactions physiques connectées à une cause psychologique. Il pouvait s’agir de flash-backs. D’attaques de panique. De serrement de poitrine. L’accélération du rythme cardiaque. De maux de tête dus à la tension. De douleurs musculaires. D’insomnie. De difficulté à respirer. J’ai suivi ces symptômes tout en marchant et en me déplaçant dans différents coins de Johannesburg. Et je me suis demandé.e :
Où pouvons-nous être en sécurité? Peut-on être en sécurité?
Les réponses psychosomatiques peuvent avoir plusieurs causes, certaines moins sévères que d’autres. Lorsque l’on a vécu un traumatisme, on peut être dans une détresse très intense lors d’événements ou de situations similaires. J’ai fait le relevé de mes sensations, sur une échelle de 1 à 5, où 1 correspond aux cas où je n’ai ressenti presque aucun de ces symptômes – plutôt à l’aise que sur mes gardes et à fleur de peau, ma respiration et mon rythme cardiaque étaient stables, je ne regardais pas par-dessus mon épaule – et 5 à l’opposé : des symptômes qui me rapprochaient de l’attaque de panique.
En tant que personne noire. En tant que personne queer. En tant que personne de genre queer qui pouvait être perçue comme une femme, selon mon expression de genre ce jour-là.
Je me suis demandé.e :
Où pouvons-nous être en sécurité?
Même dans les quartiers que l’on pourrait considérer comme « sûrs », je me sentais constamment en panique. Je regardais autour de moi pour vérifier que je n’étais pas suivie, ajustant la manière dont mon T-shirt tombait pour que mes seins ne soient pas trop moulés, regardant autour de moi pour m’assurer que je connaissais plusieurs sorties, si je sentais tout à coup un danger là où j’étais. Une route sans personne fait monter l’anxiété. Une route bondée aussi. Prendre un Uber aussi. Marcher dans une rue publique également. Et être dans mon appartement aussi. Tout comme de récupérer une livraison au pied de mon immeuble.
Peut-on être en sécurité?
Pumla Dineo Gqola parle de l’usine de peurs féminines. Vous en avez peut-être une vague idée, mais si vous êtes une personne socialisée en tant que femme, vous connaîtrez très bien ce sentiment. Ce sentiment d’avoir à planifier chaque pas que vous faites, que vous vous rendiez au travail, à l’école, ou fassiez simplement une course. Ce sentiment d’avoir à surveiller la manière dont on s’habille, on parle, on s’exprime en public et dans les espaces privés. Ce sentiment au creux de l’estomac si on doit se déplacer la nuit, aller chercher une livraison, ou avoir affaire à toute personne qui continue à se socialiser en tant qu’homme cis. Harcelées dans la rue, toujours sous la menace de la violence. Exister pour nous, quel que soit l’espace, s’accompagne d’une peur innée.
La peur est un phénomène à la fois individuel et sociopolitique. Au niveau individuel, la peur peut faire partie d’un système d’avertissement sain qui se développe bien […] Lorsque l’on pense à la peur, il est important de prendre en compte à la fois les notions d’expérience émotive individuelle et les modalités politiques par lesquelles la peur a été utilisée à des fins de contrôle à diverses époques.
- Pumla Dineo Gqola, dans son ouvrage Rape: A South African Nightmare
En Afrique du Sud, les femmes cis, les femmes et les queers savent que chaque pas que nous faisons à l’extérieur – des pas pour faire des choses ordinaires comme se rendre dans un magasin, prendre un taxi jusqu’au travail, un Uber pour rentrer d’une fête – toutes ces actions sont une négociation avec la violence. Cette peur, elle fait partie du traumatisme. Pour s’adapter au traumatisme que l’on porte dans nos corps, nous élaborons des réponses à la détection du danger – on examine les réactions émotives des personnes autour de nous, à la recherche d’« amabilité ». Nous sommes constamment sur nos gardes.
Jour après jour. Année après année. Vie après vie. Génération après génération.
L’auteur de The Body Keeps the Score, Bessel van der Kolk, explique à propos de la difficulté supplémentaire que pose ce système de défense acquis, que
Elle perturbe la capacité à correctement lire les autres, ce qui rend les survivant·e·s de traumatisme moins à même de détecter le danger, ou plus à même de croire avoir perçu un danger là où il n’y en a pas. Il faut une énergie considérable pour continuer à fonctionner tout en portant la mémoire de la terreur, et la honte d’une faiblesse et d’une vulnérabilité infinie.
Comme le dit Resmaa Menakem, le traumatisme est partout; il s’infiltre dans l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la nourriture que nous ingérons. Il est présent dans les systèmes qui nous gouvernent, l’institution qui nous enseigne et qui nous traumatise aussi, et au sein des contrats sociaux que nous concluons les un·e·s avec les autres. Plus important encore, nous prenons le traumatisme avec nous partout où nous allons, dans nos corps, nous épuisant et sapant notre santé et notre bonheur. Nous portons cette vérité dans nos corps. Des générations d’entre nous l’ont fait.
Alors, pendant que je marche dans ma ville, que ce soit dans un quartier considéré « sûr » ou non, je porte les traumatismes de générations dont les réactions sont intégrées dans mon corps. Mon cœur palpite, je commence à avoir du mal à respirer, ma poitrine se resserre – parce que mon corps a l’impression que le traumatisme a lieu exactement à ce moment-là. Je vis avec une hypervigilance. Au point où l’on est soit trop sur ses gardes pour profiter de la vie sans souci, soit trop engourdi·e pour absorber de nouvelles expériences.
Pour que nous commencions à guérir, nous devons reconnaître cette vérité.
Ces vérités qui vivent dans nos corps.
Ce traumatisme est ce qui empêche nombre d’entre nous de vivre les vies que nous voulons. Demandez à n’importe quelle femme ou personne queer à quoi ressemble la sécurité pour elle, et elle vous donnera principalement des exemples de tâches très simples – pouvoir simplement vivre une vie joyeuse, sans la menace constante de la violence.
Les sentiments de sécurité, de confort et d’aise sont spatiaux. Incarner nos traumatismes influence la manière dont nous percevons notre propre sécurité, affecte les manières dont nous interagissons avec le monde et modifie les possibilités pour nous de vivre et d’incarner toute chose plaisante ou joyeuse.
Nous devons refuser cette encombrante responsabilité et nous battre pour un monde sûr pour nous toutes et tous. Nous, qui nous déplaçons avec nos blessures, sommes des battantes. Le patriarcat peut nous terroriser et nous brutaliser, nous ne cesserons pas le combat. Alors que nous continuons à descendre dans la rue, en défiant la peur de manière spectaculaire et apparemment insignifiante, nous nous défendons et parlons en notre propre nom.
- Pumla Dineo Gqola, dans son ouvrage Rape: A South African Nightmare
Où pouvons-nous être en sécurité? Comment commencer à se défendre, pas simplement physiquement mais également émotionnellement, psychologiquement et spirituellement?
« Le traumatisme nous transforme en armes » déclarait Adrienne Maree Brown dans un entretien mené par Justin Scott Campbell. Et son ouvrage, Pleasure Activism, propose plusieurs méthodes pour guérir ce traumatisme et nous ancrer dans la compréhension que la guérison, la justice et la libération peuvent également être des expériences plaisantes. Et particulièrement pour celles d’entre nous qui sont les plus marginalisées, qui ont peut-être été éduquées à faire rimer souffrance avec « ce travail ». Ce travail que tant d’entre nous ont entamé en tant qu’activistes, bâtisseuses communautaires et travailleuses, celles qui sont au service des plus marginalisées, ce travail que nous souffrons à réaliser, nous épuisant et ne prenant que rarement soin de nos esprits et de nos corps. L’alternative est d’être mieux informées à propos de nos traumatismes, capables d’identifier nos propres besoins et de devenir profondément incarnées. Cette incarnation signifie que nous sommes tout simplement plus à même de faire l’expérience du monde à travers les sens et les sensations de notre corps, en reconnaissant ce qu’ils nous disent plutôt qu’en supprimant et en ignorant l’information qu’ils nous communiquent.
Être en conversation continue avec notre corps vivant et pratiquer ces conversations avec intention nous connecte plus profondément à l’incarnation. Cela nous permet de rendre tangibles les émotions que nous ressentons lorsque nous interagissons avec le monde, que nous apprenons à apprivoiser notre corps et que nous comprenons tout ce qu’il essaie de nous enseigner. En comprenant le traumatisme et l’incarnation de pair, nous pouvons commencer à débuter la guérison et à accéder au plaisir de manière plus holistique, sainement et dans notre vie de tous les jours sans honte ou culpabilité. Nous pouvons commencer à accéder au plaisir en tant qu’outil de changement individuel et social, en puisant dans le pouvoir de l’érotique, comme le décrivait Audre Lorde. Un pouvoir qui nous permet de partager la joie à laquelle nous accédons et dont nous faisons l’expérience, élargissant notre capacité à être heureuses et à comprendre que nous le méritons, même avec notre traumatisme.
Puiser dans le plaisir et incarner l’érotique nous gratifie de la possibilité d’être délibérément vivantes, de nous sentir ancrées et stables et de comprendre notre système nerveux. Cela nous permet de comprendre et de nous défaire des bagages générationnels que nous portions sans le réaliser; nous pouvons acquérir du pouvoir grâce à la connaissance que même aussi traumatisées que nous le sommes, aussi traumatisées que nous pourrions potentiellement l’être à l’avenir, nous méritons tout de même des vies plaisantes et joyeuses, et que nous pouvons partager ce pouvoir avec nos gens. C’est l’aspect communautaire qui manque aux manières dont nous prenons soin de nous-mêmes; l’autosoin ne peut exister sans soin communautaire. Nous sommes en mesure de sentir une confiance interne plus profonde, une sécurité et un pouvoir en nous-mêmes, particulièrement face à des traumatismes ultérieurs qui déclencheraient des réactions en nous, car nous savons comment nous apaiser et nous stabiliser. Toute cette compréhension nous mène à un pouvoir interne profond et nourri, qui nous permet de relever tous les défis qui se présentent à nous.
Comme celles qui vivent avec des traumatismes générationnels profonds, nous en sommes venues à perdre confiance, voire à penser que nous sommes incapables de contenir et d’accéder au pouvoir que nous avons. Dans « Uses of the Erotic: The Erotic as Power », Lorde nous enseigne que l’érotique offre une source de régénération, une manière d’exiger mieux pour nous-mêmes et pour nos vies.
Car l’érotique n’est pas simplement une question de ce que nous faisons; c’est de savoir dans quelle mesure nous pouvons précisément et entièrement ressentir le faire. Dès lors que nous connaissons la mesure dans laquelle nous sommes capables de ressentir ce sens de satisfaction et de complétude, nous pouvons alors observer quelle activité dans notre vie nous rapproche le plus de cette complétude.
Je ne dis rien de tout ça à la légère – je sais que c’est plus facile à dire qu’à faire. Je sais que nombre d’entre nous sont empêchées de comprendre ces réalités, de les internaliser, voire de les guérir. La résistance s’accompagne d’actes où l’on se sent en insécurité, mais elle n’est pas impossible. Résister à des structures de pouvoir qui maintiennent les plus puissants en sécurité mettra toujours en danger celles d’entre nous qui sont poussées dans la marge. Reconnaître les traumatismes que vous avez affrontés, c’est réclamer vos expériences vécues, celles qui sont passées et celles qui suivront; c’est la résistance qui incarne cette connaissance que nous méritons, plutôt que les miettes que ces systèmes nous ont obligées à avaler. C’est une résistance qui comprend que le plaisir est compliqué par le traumatisme, mais que l’on peut y accéder de manière arbitraire et puissante. C’est une résistance qui reconnaît que notre traumatisme est une ressource qui nous connecte les unes aux autres et qui peut nous permettre de nous sentir mutuellement en sécurité. C’est une résistance qui comprend que même avec le plaisir et la joie, ce n’est pas une utopie; nous blesserons encore et serons de nouveau blessées, mais nous serons mieux outillées pour survivre et nous épanouir dans une communauté de soins et de gentillesse diversifiés. Une résistance qui fait de la place à la guérison et à la connexion à notre être humain en entier. La guérison ne sera jamais une balade agréable, mais elle commence avec la reconnaissance de la possibilité. Lorsque l’oppression nous fait croire que le plaisir est quelque chose auquel tout le monde a un accès égal, une des manières par lesquelles nous commençons à faire le travail de réclamation de nos êtres entiers – nos êtres entiers libérés et libres – est de réclamer notre accès au plaisir.
Leah Lakshmi Piepzna-Samarasinha a écrit dans sa contribution à Pleasure Activism,
Je sais que, pour la plupart des gens, les mots « soins » et « plaisir » ne peuvent absolument pas faire partie d’une même phrase. Nous nageons toutes dans la haine validiste de nos corps qui ont des besoins, et on nous propose un choix vraiment merdique : n’avoir aucun besoin et obtenir l’autonomie, la dignité et le contrôle de notre vie ou admettre que nous avons besoin de soins et perdre tout cela.
Le pouvoir que cela a? Nous comprenons nos traumatismes, donc nous comprenons ceux des autres; nous incarnons les sensations que nous vivons et y prêtons attention plutôt que de les négliger ou les éviter. Les manières dont nous accédons au plaisir nous donnent envie de partager cette joie dans nos communautés. En tenant compte des traumatismes, on se donne davantage de place pour faire l’expérience de tout cela et on se donne à nous-mêmes, et aux autres, la permission de guérir. Imaginez une communauté dans laquelle tout le monde a accès à des ressources et a le temps de vivre une vie plaisante, de la manière dont toutes et tous le veulent et le méritent. Dans laquelle les traumatismes spatiaux sont atténués parce que les personnes qui occupent ces espaces ont conscience des traumatismes, sont pleines d’attention bienveillante. N’est-ce pas ça, la guérison? N’est-ce pas un travail au niveau des traumatismes générationnels? N’est-ce pas la base pour un avenir plus sain et durable pour tout le monde?
Il est temps de nous reconnecter à cette sagesse ancestrale selon laquelle nous méritons de vivre des vies pleines. Nous devons reprendre contact avec notre droit naturel à la joie et à l’existence pour nous-mêmes. De ressentir du plaisir pour le simple plaisir. De ne pas vivre des vies de terreur. Cela paraît radical ; cela semble radical. Dans un monde où nous avons été socialisées et traumatisées à taire, à avoir peur, à ressentir et à rester impuissantes, à être cupides et à vivre avec ces problèmes structurels qui entraînent des maladies mentales, quel cadeau et quel émerveillement que de commencer à ressentir, d’être dans une communauté avec celles qui ressentent, dans laquelle nous sommes sainement interdépendantes, de s’aimer mutuellement et complètement. La sensation est radicale. Le plaisir est radical. La guérison est radicale.
Vous avez la permission de ressentir du plaisir. Vous avez la permission de danser, créer, faire l’amour à vous-même et à d’autres, célébrer et cultiver la joie. Vous êtes encouragées à le faire. Vous avez la permission de guérir. Ne le retenez pas à l’intérieur, n’essayez pas de traverser cela toute seule. Vous avez la permission de faire le deuil. Et vous avez la permission de vivre.
- Adrienne Marre Brown « You Have Permission »
L’incarnation somatique nous permet d’explorer notre traumatisme, d’y travailler et de faire des connexions significatives avec nous-mêmes et avec le collectif. Faire cela sur la durée entretient notre guérison. Tout comme le traumatisme, la guérison n’est pas un événement à occurrence unique. Cette guérison nous aide à aller vers la libération individuelle et collective.
Dans « A Queer Politics of Pleasure », Andy Johnson parle de la manière dont le fait de rendre le plaisir queer nous apporte des sources de guérison, d’acceptation, de relâchement, de jeu, d’entièreté, de défiance, de subversion et de liberté. Quelle ouverture! En incarnant le plaisir de manière si holistique, si queer, nous sommes en mesure de reconnaître la limite.
Rendre le plaisir queer nous pose également les questions à l’intersection de nos rêves et de nos réalités vécues.
Qui est assez libre ou considéré assez méritant pour ressentir du plaisir? Quand sommes-nous autorisés à ressentir le plaisir ou à être satisfaits? Avec qui pouvons-nous faire l’expérience du plaisir? Quel type de plaisir est accessible? Qu’est-ce qui nous limite dans notre accès total à notre potentiel érotique et de satisfaction?
- Andy Johnson, « A Queer Politics of Pleasure »
Lorsque nos pratiques de plaisir, qui prennent en compte le traumatisme, sont ancrées dans les soins communautaires, nous commençons à répondre à quelques-unes de ces questions. Nous commençons à en comprendre le potentiel libérateur. En tant qu’activistes du plaisir, c’est la réalité au sein de laquelle nous nous ancrons. La réalité qui dit : « mon plaisir peut-être fractal, mais il a le potentiel de guérir non seulement moi et ma communauté, mais des lignées futures ».
Je suis un système entier; nous sommes des systèmes entiers. Nous ne sommes pas que nos douleurs, que nos peurs, et que nos pensées. Nous sommes des systèmes entiers prévus pour le plaisir et nous pouvons apprendre comment dire oui depuis l’intérieur.
- Prentis Hemphill, entretien mené par Shar Jossell
Il y a un monde de plaisir qui nous permet de commencer à nous comprendre de manière holistique, avec des façons qui nous donnent la place de reconstruire les réalités qui affirment que nous sommes capables et que nous méritons du plaisir quotidien. Le BDSM, un de mes plaisirs les plus profonds, me permet d’entrevoir ces réalités où je peux sentir et guérir mon traumatisme, tout en sentant les incommensurables possibilités de dire oui depuis l’intérieur. Alors que le traumatisme me bloque dans un cycle de combat ou de fuite, le bondage, l’agenouillement, l’impact et les jeux de respiration m’encouragent à rester ancrée et connectée, me reconnectant à ma restauration. Le plaisir ludique me permet de guérir, d’identifier où l’énergie traumatique est emmagasinée dans mon corps et d’y centrer mon énergie. Il me permet d’exprimer les sensations que ressent mon corps avec des cris de douleur et de satisfaction, d’exprimer mon « non » sans aucune peur et de me délecter dans le « oui, carrément ». Avec un plan de sécurité, des soins après la pratique et une compréhension approfondie du traumatisme, la perversion offre un lieu de plaisir et de guérison d’une valeur inestimable.
Donc, que votre plaisir prenne la forme de la préparation d’un repas à votre rythme, d’avoir des relations sexuelles, de rester au lit plusieurs jours avec vos partenaires, de participer à des collectifs de soins adaptés aux situations de handicap, d’avoir quelqu’un qui vous crache dans la bouche, de faire des sorties accessibles, d’avoir des rendez-vous de câlins, de participer à une soirée dansante en ligne, de passer du temps dans votre jardin, d’être étouffée dans un donjon,
J’espère que vous prenez le plaisir avec vous partout où vous allez. J’espère qu’il vous guérit, vous et celleux qui vous entourent.
Reconnaître le pouvoir de l’érotique au sein de nos vies peut nous donner l’énergie de poursuivre le véritable changement au sein de notre monde.
- Audre Lorde, « Uses of the Erotic: The Erotic as Power »
Cette édition du journal, en partenariat avec Kohl : a Journal for Body and Gender Research (Kohl : une revue pour la recherche sur le corps et le genre) explorera les solutions, propositions et réalités féministes afin de transformer notre monde actuel, nos corps et nos sexualités.
نصدر النسخة هذه من المجلة بالشراكة مع «كحل: مجلة لأبحاث الجسد والجندر»، وسنستكشف عبرها الحلول والاقتراحات وأنواع الواقع النسوية لتغيير عالمنا الحالي وكذلك أجسادنا وجنسانياتنا.
Jusqu’à son décès, à la suite d’une lutte brève mais agressive contre le cancer, Deborah était la directrice de la communication et de la mobilisation au Women’s funding network (le réseau de financement des femmes), WFN.
Entre 2008 et 2017, elle avait également travaillé auprès du Fonds mondial pour les femmes. Deborah était extrêmement appréciée et respectée par le conseil d'administration, l’équipe et les partenaires du Fonds mondial pour les femmes.
Kavita Ramdas, ex-PDG a déclaré, à juste titre, que Deborah était « la combinaison unique d’un être mêlant chaleur, générosité, intelligence et style, avec un engagement passionné pour faire fusionner la beauté et la justice. Elle avait compris le pouvoir des histoires. Le pouvoir de la voix des femmes. Le pouvoir de l'expérience vécue. Le pouvoir de renaître de ses cendres et de dire aux autres que c'était possible. Et nous continuons à nous relever. »
Musimbi Kanyoro, l'actuelle PDG du Fonds mondial pour les femmes, a ajouté: « Nous avons perdu une sœur et sa vie illumine des valeurs qui nous unissent et nous inspirent tou-te-s. Alors que nous sommes tou-te-s réuni-e-s pour pleurer le décès de Deborah, souvenons-nous et célébrons sa vie remarquable, audacieuse et passionnée. »
Conférence internationale de suivi sur le financement du développement, Doha, Qatar
Les deux amies se font appeler les Triple Cripples (invalides en triple) parce qu'elles subissent trois niveaux de discrimination en tant que femmes noires handicapées. Jay, aujourd'hui âgée de 31 ans, a eu la polio bébé et utilise une attelle de jambe et des béquilles pour se soutenir, tandis que Kym, âgée de 25 ans, a la sclérose en plaques et utilise un fauteuil roulant pour se déplacer. Le nom de leur duo découle d'une tentative de redéfinir le mot « invalide », qui, selon elles, « a été affligé aux personnes handicapées comme une insulte, une façon certaine de nous rappeler que nous étions « défectueuses » et allions toujours être moins que. »
En tant que femmes noires, Kym et Jay ont été victimes du stéréotype racial mondialisé qui hypersexualise les peaux foncées. Dans leur livre intitulé Heart of The Race: Black Women's Lives in Britain, Bryan, Dadzie et Scafe décrivent comment les femmes noires ont été historiquement décrites comme un « risque élevé de promiscuité » par les médecins en raison de leur libido et de leur fertilité. Jay explique que « les gens pensent que je suis toujours prête à tout faire, n'importe où n'importe quand, parce que je suis une femme noire. » Alors que les deux femmes ont été soumises à une fétichisation intense en raison de leur couleur de peau, leurs handicaps ont semé la confusion totale dans l'esprit de plusieurs. Kym décrit ainsi son expérience de femme à courbes : « J'ai le type de corps que les gens veulent malmener et ils ont l'impression que je devrais être capable de supporter cela, mais parallèlement, il y a cette idée que je ne devrais pas avoir de critères à cause de mon handicap. »
Sur les sites de rencontre en ligne, on a demandé à Jay si elle pouvait effectuer certaines positions sexuelles car des partenaires potentiel.le.s « ont décidé qu'ielles voulaient être avec vous de cette façon et savoir si votre physicalité pouvait permettre cela. » Lors d'un contrôle, Kym s'est même fait demander des excuses par un professionnel de la santé, remplissant un formulaire, pour lui avoir demandé combien de partenaires sexuel.le.s elle avait eu.e.s, avec une nuance sous-entendant « je sais que (ces questions) ne s'appliquent pas à vous, mais nous devons suivre le processus d'interrogation normé. »
L'idée fausse selon laquelle le manque d'autonomie physique équivaut à un manque de désir sexuel est omniprésente.
À l'école, Jay a été exclue des cours d'éducation sexuelle en raison de son incapacité présumée à avoir des relations sexuelles. Elle explique que même les organisations bien intentionnées qui militent pour l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive ne tiennent souvent pas compte des besoins spécifiques des femmes handicapées. Par exemple, les pilules contraceptives sont souvent saluées comme une méthode efficace de contrôle des naissances, sans aucune mention qu'elles peuvent accentuer les risques de caillots sanguins pour les femmes en fauteuil roulant.
Basées à Londres, les Triples Cripples attendaient avec impatience leur participation aux côtés de l'équipe Décoloniser la Contraception à SexFest2020, un festival d'une journée créé pour les personnes racisées, dédié à la santé et au bien-être sexuels. Malheureusement, l'évènement a été annulé en raison de la pandémie de la COVID-19. Néanmoins, sans se décourager, Jay et Kym se sont tournées vers leurs plateformes de plaidoyer en ligne pour contrer la façon dont la sexualité est vue d'un point de vue strictement hétéronormatif et pour contester l'idée que la féminité est définie par la capacité de procréer. Le duo a lancé une chaîne YouTube et un podcast, également appelé The Triple Cripples, pour promouvoir la représentation des personnes subissant des discriminations multiples en tant qu'êtres humains holistiques. Leurs projets futurs comprennent un documentaire artistique et une exposition photographique consacrée à la lutte contre la discrimination et à l'amplification des voix des personnes handicapées racisées.
Bien que les femmes handicapées raciées partagent des expériences de capacitisme avec d'autres personnes handicapées, des expériences de sexisme avec d'autres femmes et des expériences de racisme avec d'autres personnes racisées, ces expériences interagissent et ne peuvent être séparées : les femmes handicapées racisées subissent une discrimination unique en tant que femmes handicapées racisées.
Alors que les Triple Cripples reconnaissent que les approches toutes faites et superficielles à la diversité ne se transformeront pas comme par magie en espaces inclusifs du jour au lendemain, elles restent confiantes que leurs petits coups de hache finiront par faire tomber les grands chênes que les pratiques discriminatoires représentent pour elles.
La joie de s’accepter soi-même et de grandir dans cette lumière.
La féminité obligatoire est un dispositif de violence colonial hétéro-cis-patriarcal envers les corps assignés féminins à la naissance. Les corps trans continuent de résister malgré l’invisibilisation et le silencement historique. Je ne suis pas une
Experte en développement social et anthropologue de formation, Mary était surtout connue pour être une pionnière de la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF).
Née au Caire en 1922, les travaux de Mary en matière de développement ont commencé tôt, dès son adhésion à la YWCA (Association chrétienne des jeunes femmes). Mary était membre du Conseil œcuménique des Églises et s'est progressivement intéressée aux questions relatives à la santé des femmes. Sa longue lutte contre les MGF a porté ses fruits en 2008, lorsque l'Egypte a finalement criminalisé cette pratique.
On se souvient d'elle comme d'une mentor pour de nombreuses féministes et militant-e-s égyptien-ne-s
Le 14e Forum a pour thème « Réalités féministes: notre pouvoir en action ».
Nous concevons les Réalités féministes comme différentes façons d’exister et d’être qui nous révèlent ce qui est possible, au mépris et malgré les systèmes de pouvoir dominants, et en résistance à ces derniers. Nous concevons ces réalités féministes comme des revendications et des incarnations d’espoir et de pouvoir, et comme des réalités multidimensionnelles, dynamiques et ancrées dans des contextes et des moments historiques spécifiques.
Le Forum a été un espace clé pour le Mouvement des femmes autochtones (Indigenous Women’s Movement, IWM) dans son rapport au féminisme. Aux Forums de l’AWID, elles ont appliqué la même stratégie que celle utilisée pour les Nations Unies. Au cours de ce processus, les deux mouvements ont été transformés : de nouvelles voix et questions ont émergé au sein de l’IWM, et les féministes ont commencé à changer leurs discours et leurs pratiques autour des droits fonciers et de la spiritualité, elles ont mieux compris les droits collectifs et ont inclus l’IWM dans leurs événements et leurs programmes. Mónica Alemán et María Manuela Sequeira, de l’IWM, nous ont raconté cette histoire.
Affectueusement connue sous le nom de « Mama Efua », Efua a lutté contre les mutilations génitales féminines (MGF) pendant trois décennies et a contribué à attirer l'attention et l'action de la communauté internationale pour mettre fin à cette pratique néfaste.
En 1983, Efua a cofondé FORWARD (fondation pour la santé, la recherche et le développement des femmes), qui est devenue une organisation de premier plan dans la lutte contre les MGF. Son livre intitulé « Cutting the Rose: Female Genital Mutilation » (couper la rose), publié en 1994, est considéré comme le premier ouvrage sur les mutilations génitales féminines. Il figure parmi « Les 100 meilleurs livres africains du XXe siècle » de l’Université de Columbia.
Originaire du Ghana et infirmière de formation, Efua a rejoint l'OMS en 1995 et a réussi à faire en sorte que les mutilations génitales féminines fassent partie des agendas politiques des États membres de l'OMS. Elle a également travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement nigérian pour élaborer une politique nationale globale qui servirait de base légale aux lois nigérianes contre les mutilations et qui est toujours en vigueur à ce jour.
Son travail de pionnière a abouti à une campagne menée par l'Afrique intitulée « The Girl Generation », qui s'est engagée à mettre fin aux MGF en une génération. Efua a montré comment une seule personne peut devenir la voix unificatrice d'un mouvement : « Une identité partagée peut aider à rassembler des activistes d'horizons différents dans un but commun ». Ces mots, emplis de sagesse, sont plus pertinents que jamais.
Le 14e Forum international de l'AWID aura lieu du 20 au 23 septembre 2021 à Taipei, Taiwan.
« Ce n’était pas une personne. C’était une puissance », compagnes et compagnons de lutte se souvenant de Navleen Kumar
Avec implication et intégrité, elle a œuvré pendant plus d’une décennie à la protection et la restitution des terres aux populations autochtones (les adivasi) dans le district de Thane, une région confisquée sous le régime de la force et de l’intimidation par les promoteurs immobiliers et fonciers. Elle a combattu cette injustice et ces crimes en menant des procédures juridiques au niveau de différents tribunaux, réalisant que la manipulation des registres fonciers était une opération courante dans la plupart des acquisitions de terres. Dans l’un de ces cas, celui des Wartha (une famille tribale), Navleen a entre autres découvert que la famille avait été dupée avec la complicité de fonctionnaires du gouvernement.
Grâce à son travail, elle a aidé les Wartha à récupérer leurs terres, de même que continué à défendre plusieurs affaires de transferts de terres d’adivasi.
« Son rapport sur l’impact de l’aliénation des terres sur les femmes et les enfants adivasi retrace l’histoire et les complexités de l’aliénation tribale depuis les années 1970, alors que les familles de la classe moyenne ont commencé à venir vivre dans les banlieues éloignées de Mumbai, suite à la hausse des prix de l’immobilier dans la ville.
Les complexes immobiliers se sont multipliés dans ces banlieues, et les tribus analphabètes en ont payé le prix. Les meilleures terres le long de la voie de chemin de fer valaient cher et les constructeurs se sont jetés dessus comme des vautours, pour arracher les terres des tribus et autres résidents locaux par des moyens illégaux », Jaya Menon, Justice and Peace Commission.
Au cours de ses actions militantes, Navleen a reçu de nombreuses menaces et survécu à plusieurs tentatives d’assassinat. Malgré tout, elle a continué son travail sur ce qui était non seulement important à ses yeux mais qui contribuait à transformer les vies et les réalités de tant de personnes qu’elle soutenait dans sa lutte pour la justice sociale.
Navleen a été poignardée à mort dans son immeuble le 19 juin 2002. Deux gangsters locaux ont été arrêtés pour son meurtre.
Diana Isabel Hernández Juárez était une enseignante, défenseure des droits humains et activiste pour l’environnement et les communautés guatémaltèque. Elle coordonnait le programme environnemental de la paroisse de Nuestra Señora de Guadalupe, sur la côte sud du Guatemala.
Diana a dévoué sa vie à co-créer des actions de sensibilisation à l’environnement, en étroite collaboration avec les communautés locales, dans le but de résoudre les problèmes environnementaux et protéger les ressources naturelles. Elle a été à l’initiative de projets de pépinières forestières, de fermes municipales, de jardins familiaux et de campagnes de nettoyage. Active dans les programmes de reboisement, elle s’est efforçée de récupérer des espèces locales et de remédier aux pénuries d’eau dans plus de 32 communautés rurales.
Le 7 septembre 2019, Diana a été assassinée par balle par deux hommes armés inconnus alors qu’elle participait à une procession dans sa localité. Diana n’avait que 35 ans au moment de son décès.
Mirna Teresa Suazo Martínez faisait partie de la communauté garifuna (afro-descendante et autochtone) Masca et vivait sur la côte nord des Caraïbes du Honduras. Elle était leader de sa communauté et fervente défenseure du territoire autochtone, une terre qui a été violée le jour où l'Institut national agraire du Honduras a accordé des licences territoriales à des personnes extérieures à la communauté.
Ce fait déplorable a été à l'origine de harcèlements, d'abus et de violences répétés contre Masca, où les intérêts économiques de différents groupes se sont heurtés à ceux des forces armées et des autorités honduriennes. Selon l'Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH), la stratégie de ces groupes consiste à expulser et exterminer la population autochtone.
« Masca, la communauté garifuna située près de la vallée du Cuyamel, se trouve dans la zone d’influence de l’une des villes présumées modèles, une situation qui a déclenché des pressions territoriales le long de la côte garifuna. » - OFRANEH, 8 septembre 2019
Mirna Teresa, présidente du conseil d'administration de la communauté de Masca à Omoa, avait elle aussi fermement rejeté la construction de deux centrales hydroélectriques sur la rivière Masca, qui porte le même nom que sa communauté.
« La communauté garífuna attribue l'aggravation de la situation dans leur région à son opposition à l'exploitation touristique, à la monoculture de palmiers africains et au trafic de drogue, tandis qu'elle cherche parallèlement à construire une vie alternative au travers de la culture de la noix de coco et d'autres produits d'autoconsommation ». - Voces Feministas, 10 septembre 2019
Mirna Teresa a été assassinée le 8 septembre 2019 dans son restaurant « Champa los Gemelos ».
Elle est l'une des six femmes défenseures garifunas à avoir été assassinées rien qu'entre septembre et octobre 2019. Selon l'OFRANEH, les autorités n'ont pas mené d'enquête sur ces crimes.
« En ce qui concerne les communautés garífuna, une grande partie des homicides sont liés au régime foncier et à la gestion des terres. Cependant, les querelles entre les organisations criminelles ont abouti à des meurtres, à l’instar de ceux ayant eu lieu récemment à Santa Rosa de Aguán ». - OFRANEH, 8 septembre 2019
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