Informez-vous

Votre source d’information par excellence sur les dernières tendances touchant la justice de genre et les droits des femmes dans le monde

L´initiative Mésoaméricaine Des Femmes Défenseures Des Droits Humains Participe À La 52ème Session Du Comité De La CEDAW

Des organisations de femmes défenseures ont présenté un compte rendu analytique devant le comité d’expertes de la CEDAW, soulignant les échecs du gouvernement du Mexique et exigeant une recherche spéciale sur la violence à l’égard des défenseures et des journalistes au Mexique.

L’initiative mésoaméricaine de femmes défenseures a apporté au compte rendu et a participé dans la délégation de New-York avec Consorcio Oaxaca, Red Mesa de Mujeres de Ciudad Juárez, et Asociadas por lo Justo (JASS).

Lors de la 52ème session du Comité de la Convention sur l’Élimination de Toutes les Formes de Discrimination contre la Femme (CEDAW, pour son sigle en anglais), se célébrant du 9 au 27 juillet au siège des Nations Unies à New-York, s´est réalisée la présentation de l’évaluation du respect des engagements pris par l’Etat mexicain pour la protection des femmes contre la violence et la discrimination dans ce pays.

En Amérique Latine, le Mexique occupe la première place d’agressions de journalistes et la deuxième contre les défenseures des droits humains:

  • De 2005 à 2012, treize femmes journalistes ont été assassinées et plus de 100 ont dénoncé de la violence dans l´exercice de leur travail.

  • Onze femmes défenseures des droits humains ont été assassinées.

  • Les états du Chiapas, de Chihuahua, de Guerrero, d’Oaxaca et de Veracruz sont les les plus dangereux du pays pour les défenseures et les femmes journalistes.

Les organisations de femmes défenseures – dont l’Initiative Mésoaméricaine de Femmes défenseures, Consorcio Oaxaca, Red Mesa de Mujeres de Ciudad Juárez, et JASS – ont présenté au Comité de la CEDAW un Compte-rendu analytique qui questionne le modèle de sécurité, centré sur l´intervention militaire et de la police, appliqué au Mexique et qui n´a pas montré de résultats dans l´éradication du crime organisé ni ne garantit la sécurité publique. “Au contraire, [le modèle] a augmenté la violation des droits humains, la criminalisation de la protestation et la décomposition du tissu social. A mesure qu´augmente la dépense dans la guerre antidrogues, les assassinats augmentent, ainsi que la violence sexuelle, le féminicide et les attaques contre les défenseur(e)s.”

Le compte-rendu présente une analyse exhaustive sur le faible respect des recommandations présentées par le comité de la part de l´Etat mexicain lors d´occasions antérieures, et fait également un appel au Comité pour le manque de recommandations spécifiques pour protéger les défenseures des droits humains qui prennent en compte leur condition de genre, “la plupart des recommandations qui font référence à des défenseures se concentrent sur des cas spécifiques.”

Selon le document de synthèse du compte-rendu analytique, même si on y reconnait l´importance de la Loi pour la Protection des Personnes Défenseures des Droits Humains et des Journalistes de juin 2012, la violence contre les défenseures de droits humains s´est aggravée, “sans qu´on observe une volonté politique ni de résultats concrets de la part de l´Etat Mexicain pour l´affronter. ”Le grade d´impunité dans lequel se maintiennent les cas et le niveau de participation des autorités dans les attaques, entravent tout type d´actions de protection effective.

Le 16 juillet, la délégation de femmes défenseures des droits humains et journalistes du Mexique, composée par Yesica Sánchez (Consorcio Oaxaca), Margarita Martínez (Chiapas) et Imelda Marrufo (Red Mesa de Mujeres de Ciudad Juárez), ainsi que les féministes Alda Facio (Costa Rica), Natalia Escrucería y Marusia López (JASS et l’Initiative Mésoaméricaine), a eu l´opportunité de se réunir à deux reprises avec le Comité d´Expertes –composé par 23 femmes de différents pays. La première rencontre, de manière informelle, avec la participation exclusive des organisations de la société civile et la deuxième, de manière plus ouverte incluant les gouvernements. Dans ce dernier espace, 5 défenseures mexicaines ont présenté des déclarations orales. Une d´entre elle, la défenseure des droits humains, Margarita Martínez, a exposé la situation préoccupante de violence contre les défenseures des droits humains et les femmes journalistes, et a demandé au Comité de faire une recherche profonde sur ces violations et formuler des recommandations qui combattent l´impunité et garantissent la protection des défenseures et des journalistes à partir d´une perspective de genre.

Margarita, qui depuis 2009 a été victime de menaces, d´attaques et de tortures pour son travail en faveur des droits humains et la santé intégrale des femmes indigènes, s´est vue forcée de partir temporellement de l´état du Chiapas au Mexique, étant donné que le risque pour sa vie et celle de sa famille est assez élevé. Dans un récent communiqué émis le 16 juillet, les organisations signataires dénonçaient la récente menace contre la défenseure, reçue le 30 juin, quelques jours avant leur voyage aux Nations-Unies et ont exprimé que “les mesures de protection que le gouvernement du Chiapas a mis en œuvre en faveur de Margarita Martínez, dans le cadre des mesures de précaution de la cour interaméricaine des Droits Humains ont été déficientes et n´ont pas réussi à éliminer les menaces ni réduire le risque. Ainsi elle et sa famille ont décidé d´abandonner cet état.”

Pendant la comparution du gouvernement du Mexique, le Comité d´Expertes s´est concentré sur des thèmes comme: la traite des personnes, la violence à l´égard des femmes, l´impunité, les droits reproductifs, l´effectivité des actions gouvernementales pour appliquer la CEDAW et le niveau de protection sur lequel comptent les femmes journalistes et les défenseures des droits humains.

Les réformes constitutionnelles réalisées dans 17 états du Mexique pour “protéger la vie depuis la conception-fécondation”, est un des thèmes ayant attiré l´attention du comité, qui a réitéré au gouvernement mexicain la recommandation présentée en 2006 pour harmoniser la législation relative à l´avortement au niveau fédéral et au niveau de l´état, ainsi que l´application d´une stratégie ample qui inclut l´accès effectif à des services d´avortement sûrs dans les circonstances prévues par la loi.

L´Initiative Mésoaméricaine de Femmes Défenseures est impulsée par JASS, Consorcio Oaxaca, UDEFEGUA,the Fondo Centroamericano de Mujeres, Colectiva Feminista et AWID.

L´Initiative cherche à visibiliser les situations de violence contre des femmes défenseures dans la région et les violations de leurs droits, dénoncer cette violence au niveau international et exiger la protection et la réduction des agressions et les risques pour que les femmes défenseures puissent faire leur travail de défendre les droits. L´initiative accompagne Margarita Martínez pour assurer sa sécurité et son intégrité et celle de sa famille et nous espérons que la visibilité au niveau international apporte à leur protection.

Vous pouvez télécharger le compte rendu analytique sur le Mexique présenté au Comité ici :

Information additionnelle :

Category
Analyses
Source
AWID