6 leçons à tirer de l'afro-féminisme américain
| Par Nassira Hedjerassi
Un deuxième livre de bell hooks vient d'être publié en France. Nassira Hedjerassi revient sur cette figure du Black feminism américain, qui veut faire du féminisme un mouvement de masse.
Il faut (re)découvrir bell hooks.
Le premier essai de cette figure féministe afro-américaine, Ne suis-je pas une femme ? n’a été traduit et publié en France qu’en 2016 (ed.Cambourakis). Le second, De la marge au centre est sorti cette année, plus de 30 ans après sa publication aux Etats-Unis, en 1984. C’est long. Surtout quand on sait que bell hooks est incontournable Outre-Atlantique.
J’y vois le signe qu’on n’a pas vraiment avancé sur la réflexion féministe, et que ce combat est dévalorisé ou vidé de sa substance pour servir les agendas politiques des uns ou des autres. Les problématiques de « race » n’ont pas plus leur place, sauf dans leur forme euphémisée de « diversité ».
Par exemple, le ministère vient de créer des référents « lutte contre le racisme et l’antisémitisme » à l’université. Mais il ne parle pas d’oppression, de domination et de rapports sociaux. On va alors critiquer un universitaire qui utilise des propos sexistes ou racistes mais on évite la réflexion sur les rapports sociaux de pouvoir et le système.
bell hooks, elle, prône un féminisme révolutionnaire, c’est-à-dire qui met à bas toutes les structures interconnectées de domination.
Voici les sept leçons qu’on peut retenir de son oeuvre.
- Il n’y a pas à hiérarchiser les oppressions
- Le féminisme doit être un mouvement de masse
- Quand on est une femme noire, on a un point de vue plus large sur la société
- Il n’y a pas de sous-culture ou de sous-savoirs
- Tous les endroits sont bons pour éduquer et s’éduquer
- Le militantisme passe par la thérapie