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Le Droit à l’autonomie sur nos corps et amours: La Résolution sur les Droits Humains, l’Orientation Sexuelle et l’Identité de Genre encourage le dialogue

DOSSIER DU VENDREDI – AWID s’est entretenue avec Dawn Cavanagh* de la Coalition de Lesbiennes Africaines (CAL) en Afrique du Sud et de l’Initiative pour les Droits Sexuels (SRI) autour de la portée de la résolution sur les Droits Humains, l’orientation sexuelle et l’identité de genre récemment adoptée par le Conseil de Droits de l’Homme des Nations Unies. La résolution fait suite à la première résolution adoptée par les Nations Unies sur OSIG il y a déjà trois ans.

Par Shareen Gokal

AWID: Le Conseil de Droits de l’Homme des Nations Unies a adopté une résolution sur OSIG en 2011, ¿pourquoi un suivi de la résolution a été important?

Dawn Cavanagh (DC): C’est important pour un certain nombre de raisons. Je me concentrerai sur celui qui a des incidences sur beaucoup d’autres sujets “sensibles” ou “controversés”. Il y un accord et une tradition au sein du Conseil de Droits de l’Homme (HRC) de soulever les résolutions tous les deux ans et il y a une composante de base systématique adoptée dans des résolutions précédentes.

C’est un très mauvais précédent pour toute résolution, et certainement une sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre de manquer l’étape de deux ans et ensuite l’étape de trois ans et d’avoir aucune suivi. D’ailleurs, il nous donne des possibilités pour succomber à l’échec de leadership sur les principaux problèmes en matière de droits humains dans le HRC.

Pour certains d’entre nous l’adoption de cette deuxième résolution a été d’affirmer que cette question est toujours importante, elle est encore un sujet de droits humains et un sujet que le HRC a besoin de traiter. Elle a été une façon d’affirmer et d’insister sur notre droit de liberté et autonomie sur nos corps et nos vies, et de résister l’hostilité croissante et la “réaction” de l’État et des acteurs non étatiques à travers le monde. Elle a traité sur l’autonomie sur nos corps et nos vies en tant que femmes, en tant que travailleuses du sexe, en tant que personnes vivant avec VIH et en tant que personnes avec genre non conventionnel, parmi d’autres… Ça a été le moment. Même avec un texte atténué.

AWID: Cette résolution a été présentée par le Chili, l’Uruguay, la Colombie et le Brésil, quelle est sa portée?

DC: Il y a eu une allégation selon laquelle les états latino-américains ont débuchés sur cette résolution sous les pressions du nord global. Cependant, Sonia Corrêa, Associé de Recherche à l’Association Brésilienne Interdisciplinaire du SIDA (ABIA) et Co-présidente de Sexuality Policy Watch, a bien voulu partagé avec nous une longue expérience où les états latino-américains ont adopté une position progressive sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans de nombreux espaces intergouvernementaux et multilatéraux. Nous savons qu’il y a quelques années le Brésil a pris des dispositions courageuses en présentant une Résolution sur les droits humains et orientation sexuelle à la Commission de Droits Humains, maintiennent nommé Conseil des Droits Humains. Elle a été retirée sans vote, mais en Juin 2011 le Brésil a coparrainé la Résolution 17/19 sur Droits Humains et Orientation Sexuelle et Identité de Genre.

La résolution a été soutenu par le Chili, le Brésil, l’Uruguay et la Colombie, quand il est devenu évident que l’Afrique du Sud n’avait pas l’intention d’amener une deuxième Résolution dans cette session. Cela a eu pour effet d’aider à répandre l’affirmation erronée que l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont des questions du nord global.

AWID: ¿Quels ont été les engagements les plus importants pour rassembler plus de soutien à la résolution?

DC: En fait, Il y a eu de nombreux compromis dans le processus de négociation du texte qui a été présenté. Il a été un minimal appel depuis le début – essentiellement pour un rapport de suivi du rapport de HRC publié en novembre 2011 intitulé “Discriminatory laws and practices and acts of violence against individuals based on their sexual orientation and gender identity” et un rapport ensuite tous les deux ans.

L’impératif était d’avoir ce rapport traitant les causes profondes de la violence et la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre à travers le monde. La besoin d’un rapport qui examine le patriarcat et les multiples et entrecroisées causes et les oppressions a été effacé avant même l’encre appliquée. L’inclusion de ce langage, même s’il a été exclu du texte finalement négocié, a été importante pour insérer ces idées dans le dialogue.

Le déjà faible et atténué texte a été dilué plus encore pendant les négociations. Cela est imputable à l’Organisation pour la Conférence Islamique (OCI) qui a insisté pour que le groupe principal laisse tomber totalement la résolution, ou remplace toute référence à l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans le texte avec un langage provenant de la Déclaration Universelle de Droits Humains (DUDH) dans le but de prendre compte des différentes formes de discrimination et violence fondée sur la race, le sexe, la pauvreté, etc. La tactique de l’OCI parallèlement à un manque de support d’autres membres du Conseil a débouché sur un texte vraiment minimal, l’engagement à fournir un rapport en 2015 (mais pas un rapport régulier tous les deux ans), “pour partager de bonnes pratiques et façons de surmonter la violence et la discrimination, en application des lois et des standards internationaux existants relatifs aux droits humains” sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Du point de vue féministe, la perte a été sur un langage qui puisse agir comme un intermédiaire crédible entre une pure et brute identité politique et une large sexualité; et une optique de genre qui inclut l’intersectionnalité et l’idée de l’expression du genre, par opposition à la simple identité de genre. (1)

AWID: D’où est venue la pression contre la résolution et quels sont les arguments utilisés contre la résolution?

DC: Les arguments n’ont pas été très différents du type de ceux qu’on utilise quand d’autres sujets sur l’autonomie du corps sont discutés dans le Conseil: l’orientation sexuelle et l’identité de genre sont des questions qui polarisent et divisent donc il est dangereux d’avancer sans plus de dialogue et plus de temps. Sans surprise, le sujet de la souveraineté a aussi été levé – essentiellement que les États ne peuvent pas imposer ce sujet sur d'autres États. Il y a eu des affirmations telles que la résolution viole les valeurs éthiques, culturelles et religieuses des états et leurs lois nationales. Et bien sûr il a eu une résistance répandu à l’idée d’un rapport élaboré et présenté tous les deux ans.

Définitivement, la polarisation sur les lignes du nord/sud global infuse le dialogue sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre – ou la résistance à tel dialogue. Les états du Sud global prennent une position selon laquelle les états du nord global prêtent plus d’attention et investissent plus systématiquement aux droits civils et politiques plutôt qu’aux droits économiques, sociaux et culturels, y compris le droit au développement. Cela a alimenté des arguments autour du fait de voter pour la résolution. Là aussi, nous comprenons que la résistance des états du sud global aux menaces ou sanctions réelles liées aux positions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre signifie que quelques états ont décidé de voter négativement.

AWID: La résolution a été adoptée avec 25 oui, 14 non et 7 abstentions. Il s’attendait une élection plus étroite. D’après vous qu’est-ce qui explique l’accroît du support?

DC: Il y a eu beaucoup d’actions de plaidoyer et de pression sur des états clés et des états dont il s’attendait un vote négatif sur la résolution. Ceci est venu tous les deux des états qui supportent la résolution et de la société civile, dans les pays, les capitales et à Genève. Une dynamique intéressante a aussi émergé laquelle a ajouté une pression positive de New York où l’Assemblée Générale était simultanément en marche et certaines positions progressistes étaient adoptées sur la santé sexuelle et les droits liés à la reproduction. De façon tactique, il a été clé dans le but d’exposer les contradictions sur les manières dans lesquelles les états ont articulé ses positions sur la sexualité dans les deux espaces, l’Assemblé Générale et le HRC.

Nous savons que nous sommes de côté de la justice. Plus loin, il est difficile de laisser passer, ignorer ou justifier la violence contre une personne, même si son choix et décisions sur l’exercice de leur autonomie fait pencher vos points de vue sur le désir et le plaisir, l’intimité et le genre, la sexualité et le pouvoir.

Et, bien sûr, nous ne connaissons pas toute l’histoire. Ce qui s’est passé derrière les portes closes entre les états il est toujours un facteur inconnu. Y-a-t-il eu des compromis? Qu’est-ce qui a été échangé pour les déplacements dans les positions sur la Résolution? Quel que soit le cas, il y a eu des états du sud global qui ont changé ses votes contre la résolution pour l’abstention, et d’autres qui ont changé l’abstention pour un vote affirmatif. Le vote final a reflété et affirmé une approche progressive où nous prenons appui sur ce qui avait précédé.

AWID: En quoi cette résolution renforcera les engagements des états pour remplir ses responsabilités et protéger les droits humains de toutes les personnes sans distinction?

DC: À notre avis, la Résolution ne renforcera pas les engagements des états si les engagements ne sont pas déjà là. Nous sommes vraiment sûrs qui nous devrons faire le travail pour que cela devienne réel sur le terrain dans les pays – les personnes en première ligne. Comme toujours, le travail doit être fait pour ceux qui ont pris et continuent de prendre des risques tant qu’ils résistent l’oppression, confrontent la violence, la haine et luttent pour le risque de leur corps et leur vie pour un changement. Et la solidarité d’autres acteurs y compris les états et les donateurs qui ont des sphères différentes de pouvoir et influence seront les clés dans ce processus.

AWID: D’après vous, la résolution aura quel impact substantif dans les vies des personnes avec lesquelles vous travaillez dans votre organisation?

DC: Presque aucun. En première lieu, en connaissant le processus de changement et ce qu’il faut pour faire le type de changements nécessaires afin d’impacter substantivement dans les vies des gens ordinaires, il est claire qu’une résolution en soi ne peut pas avoir une grande incidence. Certaines résolutions, par la nature des actions qu’elles appellent, ont plus des chances de contribuer au changement. Par exemple, la Resolution on Preventable Maternal Mortality and Morbidity and Human Rights adoptée en 2011 qui a autorisé, parmi d’autres choses, des directives à rédiger comme contributions pour des changements dans les niveaux politique, institutionnel et programmatique. Mais cette résolution n’a pas atteint ses objectives.

Ce qu’il a fait possible – ou même forcé – un dialogue intensifié sur des thèmes importants de droits humains lié à la sexualité et au genre. C’est lui-même un pas décisif vers la transformation. S’il est vrai que les contestations sont des moments clés du repositionnement politique des états; et la cristallisation des positions [à faveur ou en contre] sont un pas important, alors à un certain moment cette et similaires Résolutions peuvent et contribueront aux changements dans les vies des gens.

La résolution a aussi donné de l’espoir. Nous espérons que le travail que nous faisons autour de l’autonomie du corps et de façon intersectorielle ne soit pas en vain. Nous espérons que les états commencent lentement à voir ce sujet comme un sujet de droits humains. Cette résolution est une petite lumière au bout de tunnel que nos demandes atteindront – demandes pour une justice érotique et le droit à l’autonomie sur nos corps et nos vies. Et amours!!!

1) Pour plus d’information sure les negotiations aux Nations Unis, voir: United Nations - Negotiating Sexual Rights and Sexual Orientation at the UN pp 311, Françoise Girard http://www.sxpolitics.org/frontlines/book/pdf/sexpolitics.pdf

*Dawn tient à remercier les personnes suivantes pour leurs contributions: Sonia Correa et Stuart Halford du l’Initiative pour les Droits Sexuels (SRI).

Photo : Résultats finales de la votation sur la Résolution Droits Humains, l’Orientation Sexuelle et l’Identité de Genre.

Category
Analyses
Region
Global
Source
AWID